Comores : La fécondation in vitro, une solution face à la stérilité

Chez l’être humain, la stérilité est l’incapacité physiologique de concevoir naturellement, de porter ou d’accoucher une progéniture saine ou viable. La stérilité a un large éventail de causes possibles (trait hérité ou acquis de l’environnement, par exemple à la suite d’une malformation de l’appareil génital ou du système reproducteur, ou à la suite de l’exposition des gonades à une blessure physique, des bactéries ou virus pathogènes, un perturbateur endocrinien ou d’autres produit chimique reprotoxique [phénomène de toxicité pouvant altérer la fertilité de l’homme ou de la femme] ou encore des radiations). Des facteurs socio psychologiques peuvent aussi être en cause. Les individus ou couples stériles souhaitant néanmoins élever des enfants peuvent rechercher un soutien médical, des méthodes alternatives (ex : Procréation médicale assistée) ou avoir recours à l’adoption. Le corps médical considère généralement un couple comme stérile quand après 2 ans de rapports sexuels réguliers ce couple n’a pas d’enfant. Dans le monde, un couple sur sept est touché par la stérilité. Dans 30 à 50 % des cas le problème vient de l’infertilité masculine seulement, dans 30 % des cas le problème vient de la femme seulement, dans 30 % des cas le problème vient des deux personnes, et dans 10 % des cas, il n’y a pas de problème physique qui empêcherait la fécondation. Selon l’Insee, les couples stériles divorcent plus que les couples avec enfants.

L’Afrique subsaharienne est la région la plus touchée par l’infertilité dans le monde avec 16,4% des couples concernés. Pour les femmes, cela s’explique principalement par la présence d’infections sexuellement transmissibles non soignées, ou d’avortements non sécurisé. Les hommes sont également sujets à des IST, au stress, à la pollution et au tabagisme. Les couples européens sont 12,4% à connaître un problème d’infertilité.

Ndzuani est une des 3 îles comoriennes qui constituent la république islamique des Comores avec Moheli et Grande Comore. Anjouan s’est séparée de la RFIC et s’est auto constituée république non reconnue au niveau international.

On dénombre de 250 000 à 300 000 habitants dans une île de 600Km². Le taux de natalité est très élevé (4,8%) soit environ 10 à 15 000 grossesses par an. La contraception est très peu pratiquée avec moins de 3% des couples en âge de procréer. Le système familial est basé sur le matriarcat, avec une moyenne de 6 enfants par femme. La religion dominante est l’islam. La polygamie est légale. La fécondité est considérée comme valorisante. La stérilité est très mal vécue avec des retentissements sociaux importants (abandon, divorce…) Seuls 20% des grossesses sont suivies et accouchent sur l’île. Beaucoup accouchent à Mayotte lorsqu’elles ont les moyens de se payer le voyage (clandestin) sur des vedettes qui naviguent de nuit, et qu’elles ont la chance de ne pas faire naufrage. A Mayotte 70% des parturientes sont d’origine anjouanaise, en situation irrégulière.

Il y a trois causes à ce flux : le système de soin « à la Française » est gratuit et de qualité, la possibilité d’acquérir la nationalité Française pour le nouveau-né, le manque de confiance de la population vis à vis des médecins anjouanais. 

A Anjouan, comme dans les autres îles des Comores, ce problème sanitaire  et conjugal a poussé le Dr Said Ali Abdoulkader, un gynécologue  obstétrique  diplômé  de la faculté de médecine de Dakar, à mettre en place une solution audacieuse : la fécondation in vitro. La fécondation extracorporelle ou Fécondation In Vitro (FIV) consiste à reproduire au laboratoire ce qui se passe naturellement dans les trompes : la fécondation et les premières étapes du développement embryonnaire. La stimulation des ovaires va permettre le développement de plusieurs follicules. Ce médecin visionnaire  a décidé de s’installer à Anjouan pour offrir une lueur  d’espoir  aux couples qui se battent pour fonder une famille, qu’il s’agisse de problèmes liées à la femme, comme des trompes  bouchées ou des problème d’ovulation, ou à l’homme, avec des spermatozoïdes  en faible quantité ou peu mobile. Le Dr Said Ali Abdoulkader réalise cette procédure à l’hôpital polyclinique spécialisée médicale, chirurgicale et FIV à Mutsamudu, Anjouan. Il est entouré d’une équipe compétente composée de 15 professionnels de santé, notamment des sages-femmes, des anesthésistes, des infirmiers, des kinésithérapeutes, des pédiatres et des techniciens de laboratoire pour garantir la réussite de ce projet ambitieux.

Il explique le processus  de cette fécondation in vitro. Après les premières étapes du développement embryonnaire, l’embryon est transféré dans l’utérus de la femme après trois jours. Bien qu’elle soit coûteuse, le taux de réussite varie de 30% à 90% en fonction de plusieurs critères. Il a également souligné que malgré l’évolution de la médecine, une partie importante du résultat final dépend de la volonté d’Allah tout puissant. A cet effet, en début d’octobre 2023, dix couples ont déjà commencé le processus pour confirmer  la faisabilité  de la FIV, si tout se passe bien, ils pourraient accueillir un enfant dans 9 mois.

L’initiative du Dr Said Ali Abdoulkader apporte de l’espoir aux couples stériles aux Comores en leur offrant une option médicale avancée pour réaliser leur rêve de devenir parents. C’est une première également aux Comores.


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