Mayotte : La débrouille dans les quartiers populaires, un combat quotidien contre l’insécurité

Madi Abdou et quelques volontaires patrouillent chaque nuit dans leur quartier à Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte. Ils tentent de préserver un semblant de sécurité dans leur communauté. « Ici, c’est là que les jeunes se battent. On retrouve souvent des blessés, parfois des morts », déclare Madi Abdou.  L’île de Mayotte est confrontée à des problèmes socio-économiques complexes qui alimentent la criminalité et l’insécurité. La population, majoritairement jeune et défavorisée, est confrontée à des défis tels que le chômage, la pauvreté, l’insécurité alimentaire, et un système éducatif en difficulté. Ces facteurs contribuent à une culture de violence et d’instabilité dans les quartiers populaires de Mayotte.

La violence est souvent associée à des gangs de jeunes qui se disputent le contrôle des territoires. La rivalité entre ces gangs conduit à des affrontements fréquents, souvent mortels. La présence policière est limitée, et les habitants des quartiers populaires ont souvent peur de signaler les crimes de peur de représailles. Dans ce contexte, la débrouille, c’est-à-dire la capacité des habitants à se débrouiller eux-mêmes pour assurer leur sécurité, est devenue une nécessité pour beaucoup de Mahorais.

Madi Abdou et ses volontaires sont un exemple de cette débrouille. Ils ont pris l’initiative de patrouiller leur quartier pour dissuader les jeunes de commettre des actes de violence. « On essaie de parler aux jeunes pour les calmer, pour les empêcher de se battre. Mais parfois, c’est difficile », explique Madi Abdou. Leur travail est rendu encore plus difficile par l’absence d’infrastructures de base, telles que des écoles et des centres de loisirs, qui pourraient offrir aux jeunes des alternatives à la violence. En plus des patrouilles, Madi Abdou et ses volontaires organisent des activités communautaires pour rassembler les jeunes et renforcer les liens sociaux dans leur quartier. Ils ont également mis en place un réseau de soutien pour les victimes de violence, offrant un accompagnement et une assistance juridique. « Nous essayons de faire notre part pour améliorer les choses, mais il est difficile de changer les choses tout seul. Nous avons besoin du soutien des autorités et de la communauté dans son ensemble », conclut Madi Abdou.

En fin de compte, la débrouille dans les quartiers populaires de Mayotte est un exemple de la résilience et de la force de la communauté face à l’adversité. Mais elle souligne également la nécessité d’une action concertée et de ressources adéquates pour lutter contre l’insécurité et les inégalités qui ravagent ces communautés. Les habitants de Mayotte méritent mieux que la débrouille.


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