Mayotte Débat sur l’usage des langues locales dans l’administration publique : une proposition pour surmonter l’insécurité linguistique

Dans une tribune récemment publiée, intitulée « L’insécurité linguistique de l’acteur public mahorais », l’écrivain Madi Abdou N’tro a soulevé des préoccupations importantes concernant les difficultés rencontrées par certains fonctionnaires à s’exprimer efficacement en français. Il a mis en lumière le phénomène d’autocensure où les locuteurs se tournent vers le shimaore ou le kibushi pour être plus fidèles dans leurs propos. Cette réalité linguistique soulève des questions cruciales quant à la communication au sein de l’administration publique à Mayotte. L’utilisation exclusive du français peut en effet exclure une partie de la population, notamment ceux dont la langue maternelle n’est pas le français. Cela peut également entraîner des malentendus et des obstacles dans la transmission des informations et des services publics.

Pour remédier à cette situation, Madi Abdou N’tro propose une solution novatrice : l’introduction progressive et massive des mots des langues locales dans la sémantique administrative. Cette approche permettrait de reconnaître et de valoriser les langues locales tout en facilitant la communication entre l’administration et les citoyens. Elle contribuerait également à renforcer le sentiment d’inclusion et de représentativité au sein de la société mahoraise. L’idée d’intégrer les termes locaux dans le langage administratif n’est pas seulement une question linguistique, mais aussi un moyen de promouvoir la diversité culturelle et de préserver le patrimoine linguistique de Mayotte. Cependant, une telle initiative nécessiterait une réflexion approfondie ainsi qu’une collaboration étroite entre les autorités locales, les linguistes et la communauté mahoraise dans son ensemble.

Le débat sur l’usage des langues dans l’administration publique à Mayotte est complexe et mérite une attention particulière. La proposition de Madi Abdou N’tro d’introduire les mots des langues locales dans la sémantique administrative offre une piste intéressante pour surmonter les défis liés à l’insécurité linguistique. Toutefois, sa mise en œuvre nécessitera un dialogue ouvert et une approche inclusive afin de garantir un équilibre entre la promotion des langues locales et le maintien de la compétence linguistique en français.


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