La Réunion : Un avenir incertain se dessine entre le Quotidien vers une nouvelle page et le Journal de l’Île avec un avenir en suspens

La presse écrite réunionnaise traverse une période de turbulences. Le 3 avril 2024, deux titres historiques, le Quotidien et le Journal de l’Île, ont connu des destins divergents, illustrant les défis majeurs auxquels le secteur est confronté. Le Quotidien a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Saint-Denis depuis octobre 2023. De ce fait, le Quotidien est racheté par la société Média Capital Réunion. Cette décision offre une bouffée d’air à ce journal centenaire, qui a subi de lourdes pertes financières ces dernières années. Un plan de continuation a été validé, prévoyant la suppression de 27 postes sur 110 et la transformation du journal en une société coopérative d’édition (SCOP). 

Cette nouvelle structure, inédite dans le paysage médiatique français, vise à associer les salariés à l’avenir du journal et à lui donner une assise plus solide. Ainsi, l’arrivée de Média Capital Réunion à la tête du Quotidien suscite des réactions mitigées. Certains craignent que l’indépendance du journal soit menacée, tandis que d’autres espèrent que ce rachat permettra de sauver ce pilier de la presse réunionnaise. Édouard Marchal, leur représentant, a déclaré que le tribunal a décidé de « donner une chance à ce dossier où les deux actionnaires s’engagent à un niveau élevé et donnent plus de gage pour l’avenir ». 

Les deux actionnaires de Média Capital Réunion, Henri Nijdam et Frédéric Vienne, se sont engagés à investir massivement dans le journal. Ils ont également promis de maintenir l’indépendance éditoriale du Quotidien. Toutefois, l’offre de Média Capital ne prévoit la reprise que de 15 salariés sur 38, sans photographes, ni secrétaires de rédaction. Un point sur lequel la rédaction compte bien échanger avec leurs nouveaux acquéreurs. « On ne veut pas deux clans entre ceux qui restent et ceux qui sortent », lance Édouard Marchal. Il est important que les négociations entre la rédaction et Média Capital Réunion aboutissent à un accord satisfaisant pour tous. L’objectif est de trouver un équilibre entre les exigences économiques et le maintien d’une rédaction pluridisciplinaire capable de produire un journal de qualité. En attendant, les salariés du Quotidien restent mobilisés pour sauver leur journal. 

De l’autre côté, le sort du Journal de l’Île est plus sombre. Le tribunal de commerce a prononcé la liquidation judiciaire du titre, après le rejet de plusieurs offres de reprise. La publication du journal a cessé, laissant ses 80 salariés dans l’incertitude. L’incertitude est grande pour les salariés du Journal de l’Île. Ils attendent avec anxiété la décision du tribunal, qui aura un impact majeur sur leur vie professionnelle. Le président du tribunal, Jacques Tillier, s’est montré prudent à l’issue des débats. Il a déclaré : « Le délibéré est demain. Dieu est grand. Je ne suis pas le président du tribunal, je ne peux pas dire ce qu’il va décider demain, point barre. » Quelle que soit la décision du tribunal, une chose est sûre c’est que la crise de la presse écrite réunionnaise aura des conséquences sociales lourdes. Des journalistes et des salariés de la presse se retrouvent sans emploi, ce qui est une tragédie pour l’information locale et le pluralisme. 

Il est important de rappeler que le Journal de l’Île est un titre historique qui a marqué l’histoire de la presse réunionnaise. Sa disparition serait une perte immense pour le paysage médiatique local. La crise de la presse écrite à la Réunion n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un contexte national et international de bouleversements profonds du secteur médiatique. La situation de la presse écrite à La Réunion n’est qu’un microcosme des bouleversements qui affectent le secteur à l’échelle nationale et internationale. L’essor du numérique, la fragmentation des audiences et la concurrence accrue des plateformes digitales ont fragilisé le modèle économique traditionnel des journaux. 

Malgré les défis, l’espoir subsiste. Des initiatives et des solutions existent pour enrayer le déclin et construire un avenir viable pour la presse écrite réunionnaise. Le développement de contenus numériques attractifs et payants, la diversification des sources de revenus, le renforcement des collaborations entre acteurs du secteur et la recherche de modèles économiques innovants constituent autant de pistes à explorer. Cependant, l’avenir de la presse écrite réunionnaise se joue aujourd’hui. La survie de cette source d’information locale, garante de la diversité et du pluralisme, est en jeu. La mobilisation des acteurs du secteur, l’innovation et l’adaptation aux nouvelles technologies seront déterminantes pour écrire la suite de l’histoire.


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