
Alors que l’heure tourne et que l’attente se fait de plus en plus palpable, les yeux de toute la nation mauricienne sont braqués sur la Cour suprême. Ce lundi 13 mai 2024, sous la présidence de la cheffe juge Rehana Gulbul, la Cour devrait rendre sa décision tant attendue concernant l’obligation de réenregistrement des cartes SIM, une mesure gouvernementale qui a suscité une vive controverse et divisé la population. Cette mesure, annoncée en février 2024, vise à lutter contre la cybercriminalité et à mieux identifier les utilisateurs de téléphones portables.
La décision de la Cour suprême aura des implications majeures pour l’avenir de la communication à Maurice. Si la Cour invalide l’obligation de réenregistrement, le gouvernement devra revoir sa stratégie pour lutter contre la cybercriminalité et garantir la sécurité publique. En revanche, si la Cour valide la mesure, les citoyens mauriciens devront se conformer à la procédure de réenregistrement, non sans inquiétude quant à la protection de leur vie privée et à l’utilisation des données collectées. La perspective de la décision de la Cour suprême suscite des réactions mitigées au sein de la population mauricienne. Certains citoyens se montrent favorables au réenregistrement, y voyant un moyen nécessaire pour lutter contre la criminalité et les abus en ligne. D’autres, en revanche, expriment leur profonde inquiétude quant à l’atteinte à la vie privée et aux risques d’exclusion numérique que cette mesure pourrait engendrer. La controverse autour du réenregistrement des cartes SIM a donné lieu à une mobilisation citoyenne remarquable. Le collectif « Pas tous nou SIM Card » s’est imposé comme fer de lance de la résistance, rassemblant des citoyens et des organisations de la société civile déterminés à faire annuler l’obligation de réenregistrement. Des manifestations pacifiques ont été organisées, et les réseaux sociaux ont été inondés de messages et de discussions sur le sujet.
Dans cette affaire de réenregistrement obligatoire des cartes SIM, Me Pazhany Rangasamy a obtenu une victoire temporaire devant la Cour suprême. La cheffe juge Rehana Gulbul a ordonné le maintien du statu quo, suspendant ainsi la décision du gouvernement de désactiver les cartes SIM des abonnés qui n’auraient pas procédé à leur réenregistrement avant la date butoir du 30 avril 2024. Cette décision de la Cour suprême offre un précieux sursis aux abonnés qui s’étaient opposés à l’obligation de réenregistrement, craignant pour leur vie privée et les implications de cette mesure. Mais aussi, le gouvernement n’a pas encore fourni suffisamment d’informations sur la manière dont les données collectées lors du réenregistrement seront utilisées et que le coût de ce réenregistrement peut s’avérer coûteux pour les citoyens, en particulier pour ceux qui ont plusieurs cartes SIM.Certaines personnes, notamment les personnes âgées et les personnes handicapées, pourraient avoir des difficultés à se réenregistrer, ce qui les priverait de l’accès aux services de téléphonie mobile.
Au-delà des questions de vie privée et de libertés individuelles, la polémique autour du réenregistrement obligatoire des cartes SIM à Maurice soulève également des enjeux économiques importants, notamment pour les banques et les compagnies de téléphonie. Les banques mauriciennes utilisent largement le téléphone pour leurs transactions, notamment pour les services bancaires par mobile et les notifications par SMS. Une désactivation des cartes SIM non réenregistrées pourrait perturber considérablement ces services, entraînant des désagréments pour les clients et des pertes financières pour les banques. Tandis que pour les compagnies de téléphonie, la désactivation des cartes SIM non réenregistrées entraînerait une diminution du nombre d’abonnés et donc une perte de revenus.
Cependant, la question du réenregistrement des cartes SIM est complexe et doit être examinée sous différents angles, en tenant compte des impacts potentiels sur les individus, les entreprises et l’économie du pays. Des solutions équilibrées et réfléchies, élaborées dans le cadre d’un dialogue ouvert et inclusif, seront essentielles pour trouver un compromis acceptable pour toutes les parties prenantes.


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