
L’affaire Jirama, qui a récemment abouti à la condamnation de plusieurs responsables de la société, trouve ses racines dans des faits remontant à 2021. En effet, des primes de performance ont été accordées à certains hauts responsables de la Jirama sans l’aval du conseil d’administration, ce qui constitue une violation des procédures et un détournement de fonds publics. Une évacuation sanitaire effectuée par un responsable de la Jirama a soulevé des soupçons de détournement de fonds en raison de son coût élevé et des conditions jugées douteuses. De ce fait, le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) a mené une enquête qui a révélé un déficit de plus de deux milliards d’ariary dans les comptes de la Jirama, un chiffre attribué à la corruption qui gangrène la société. Ces éléments ont conduit à l’ouverture d’une enquête approfondie par les autorités compétentes, aboutissant à l’inculpation et au procès de 48 responsables de la Jirama.
Le 14 mai 2024, la cour criminelle du Pôle anti-corruption (PAC) d’Antananarivo a rendu son verdict dans l’affaire impliquant 48 responsables de la Jirama. Une affaire qui a secoué Madagascar ces derniers mois, mettant en lumière des pratiques de corruption au sein de la compagnie nationale d’eau et d’électricité. Vonjy Andriamanga, ancien directeur général, et Rivo Radanielina, ancien directeur général par intérim, ont été condamnés à dix ans de travaux forcés. Angelsa Zasy, ancienne directrice générale adjointe, a également été condamnée à la même peine.
Ces trois individus n’étaient pas présents pendant les deux jours d’audience, ce qui explique cette décision. Malgré leur absence, ils ont été condamnés à dix ans de travaux forcés. Tandis que, l’ancienne directrice de cabinet, Onja Rasamimanana, qui était présente au procès, a écopé d’une peine de cinq ans de prison. L’ancien directeur des ressources humaines et le directeur administratif et financier ont quant à eux été condamnés à deux ans de prison.
De ce fait, une amende de dix millions d’ariary est attribuée aux autres directeurs impliqués dans l’affaire. Les trois sociétés concessionnaires doivent payer une amende de deux millions d’ariary chacune. La cour a ainsi ordonné la saisie des comptes bancaires des condamnés par l’Agence de recouvrement des avoirs illicites (Arai). Ces mesures visent à priver les condamnés des profits de leurs crimes et à dissuader d’autres personnes de se livrer à des pratiques similaires. Les autres accusés ont écopé de peines allant de deux à cinq ans de travaux forcés avec sursis. Ces condamnations sont une première étape importante dans la lutte contre la corruption à Madagascar. Le montant total du détournement est estimé à plus de 15 milliards d’ariary. Elles envoient un message fort aux responsables qui seraient tentés de se livrer à des malversations. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour assainir la gestion de la Jirama et améliorer la qualité des services qu’elle offre à la population.
La rapidité du procès, compte tenu du nombre de prévenus et de la complexité de l’affaire, a surpris certains observateurs. Malgré ce rythme accéléré, il semble que les droits de la défense aient été respectés. Les accusés ont pu bénéficier d’une assistance juridique et ont eu la possibilité de s’exprimer et de présenter leurs arguments.
Les accusations portées contre les 48 prévenus étaient lourdes : détournement de deniers publics, abus de fonction, bénéfice et complicité et blanchiment de capitaux. Lors de la plaidoirie, certains avocats de la défense ont plaidé l’inconscience de leurs clients. Ils ont expliqué que ces derniers ne pensaient pas enfreindre la loi en recevant les prérogatives qui leur étaient accordées et qu’ils pensaient simplement être payés pour leur travail.
Il reste également à voir si les mesures prises par la cour seront suffisantes pour assainir la gestion de la Jirama et améliorer la qualité des services qu’elle offre à la population. Cette affaire est un symbole des problèmes de corruption qui gangrènent de nombreux secteurs de la société malgache. Il est important que les autorités mettent en place des mesures concrètes pour lutter contre ce fléau et redonner confiance aux citoyens.


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