
Ces derniers temps, nous entendons parler de retrait du droit du sol, d’expulsion et de mur à construire dans la mer pour stopper l’immigration massive à Mayotte. Et si la coopération était une solution plus pérenne que l’affrontement ? Car quand il s’agit de débloquer les financements de l’Agence Française de Développement (AFD), les Comores et la France savent discuter et se mettre d’accord. Mais qu’en est-il quand il s’agit d’intégrer des solutions concrètes ayant un réel potentiel de développement et d’amélioration de la qualité de vie des habitants de l’archipel ? Malgré les 5 millions d’euros investis dans un projet d’amélioration des offres de soins de santé aux Comores, les défis persistent, nécessitant une coopération plus ambitieuse et structurée entre la France et les Comores pour des résultats durables. Et si le saupoudrage du « white saviorisme » et les œillères du sécuritarisme laissait place à un développement ambitieux ?
Situation des Hôpitaux aux Comores
Les hôpitaux aux Comores, notamment le centre hospitalier El-Maarouf à Moroni, traversent une période de turbulences marquée par des mouvements sociaux répétés. Les contractuels de cet hôpital ont annoncé une deuxième grève en deux mois pour dénoncer la faible rémunération des agents et la présence de cas d’emplois fictifs. Selon Raphaël Cann, journaliste chez Mayotte la 1ére, les grévistes réclament une meilleure rémunération, alignée sur celle des fonctionnaires, ainsi que le paiement des primes et des salaires impayés depuis plusieurs mois. En outre, ils demandent l’établissement d’une mutuelle santé avec une prise en charge à 100% dans leur propre hôpital. La direction de l’hôpital avait précédemment jugé le mouvement illégal en raison d’un préavis trop court et avait menacé de mise à pied pour abandon de poste les agents grévistes.
Comparaison avec Mayotte
À Mayotte, département français, les hôpitaux rencontrent également des défis, mais d’une nature différente. Les accès au Centre hospitalier de Mamoudzou et à d’autres établissements de soins de l’île ont été bloqués par des collectifs pour protester contre le refus des autorités comoriennes d’accepter les personnes expulsées du territoire dans le cadre de l’opération Wuambushu. Cette opération a entraîné des tensions significatives, avec des blocages de dispensaires et des agressions sur les sites de soins, forçant la direction du Centre hospitalier à déclencher le plan Blanc pour sécuriser les lieux et protéger le personnel.
Défis communs et solutions potentielles
Les deux territoires partagent des défis communs, notamment des tensions sociales et des revendications salariales. Cependant, la situation aux Comores est exacerbée par des problèmes de corruption et de gestion, tandis que Mayotte fait face à des tensions liées à l’immigration et à l’opération Wuambushu.
Une solution potentielle pour atténuer ces problèmes pourrait être la création d’un hôpital transfrontalier, comme suggéré dans un rapport parlementaire de 2016 adressée à la Ministre des Outre-mer. Cette initiative viserait à améliorer la coopération régionale et à offrir des services de santé de qualité aux populations des deux territoires. Un tel projet pourrait bénéficier de l’expertise médicale de la France tout en répondant aux besoins spécifiques des Comores. En outre, il pourrait favoriser une meilleure intégration régionale, réduire les tensions sociales et économiques, et améliorer l’accès aux soins de santé pour les populations vulnérables des deux îles.
La situation des hôpitaux aux Comores et à Mayotte illustre des défis sanitaires complexes dans l’océan Indien. La mise en place d’un hôpital transfrontalier pourrait constituer une solution innovante pour améliorer l’accès aux soins, renforcer la coopération régionale et apporter une réponse durable aux problèmes rencontrés par les deux territoires. Une telle initiative nécessiterait une coordination étroite entre les autorités locales, les gouvernements et les organisations internationales pour garantir son succès et sa pérennité.
La Rédaction


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