Mayotte : Navettes maritimes : Vers une mobilité durable et connectée

Depuis le lancement des études en 2017 pour établir des lignes maritimes reliant le Nord et le Sud à Mamoudzou, le projet n’a jamais été aussi proche de sa réalisation. Les concepteurs du projet, un consortium comprenant Suez Consulting, UnivertDurable et JVO3, ont récemment présenté leurs premières conclusions de faisabilité. Rémi Chauveinc, Directeur des opérations chez Suez Consulting agence de La Réunion-Mayotte, a déclaré : « Depuis 2019, nous avons collecté suffisamment de données et effectué assez d’études pour que ce projet se concrétise. Il ne reste plus que la mise en place d’une délégation de service public (DSP), en cours, et les dernières études environnementales qui devraient être achevées en avril 2025 ».

Les principaux acteurs du projet sont le groupement Suez Consulting, Univert Durable et JVO3. Le projet est supervisé par Rémi Chauveinc, Directeur des opérations chez Suez Consulting agence de La Réunion-Mayotte. Le projet vise à mettre en place des navettes maritimes pour relier Iloni et Longoni à Mamoudzou, avec l’objectif de désengorger le réseau routier saturé de la commune chef-lieu. Environ 11 000 véhicules rejoignent Mamoudzou chaque jour, principalement aux heures de pointe.

Les lignes maritimes relieront Mamoudzou (place du marché) à Dembéni (plage d’Iloni) et à Koungou (port de Longoni) , trois gares maritimes seront construites pour faciliter ces liaisons. Le projet vise à être opérationnel d’ici fin 2026. Les études environnementales devraient être terminées en avril 2025, et les infrastructures nécessaires seront construites pour une mise en service complète à la fin de l’année 2026.

L’objectif principal est de réduire les temps de trajet, fluidifier la circulation routière et offrir une alternative de transport durable et respectueuse de l’environnement. En plus de réduire le nombre de véhicules sur les routes, le projet comprend des mesures de protection environnementale, y compris l’utilisation future de navettes solaires.

Les navettes maritimes seront en rotation toutes les 15 minutes aux heures pleines, avec des bateaux de 12 à 20 places, et toutes les heures avec des navettes de 50 places. Les navettes transporteront uniquement des passagers, qui pourront également emporter des bagages ou des trottinettes. Le coût du trajet sera entre 4 et 5 euros. Le projet prévoit également des parkings-relais sécurisés près des gares maritimes, et les infrastructures légères nécessaires à l’accueil et à l’entretien des navettes seront construites localement.

Réactions des gens locaux

La réaction des habitants locaux au projet de navettes maritimes à Mamoudzou est largement positive, principalement en raison des nombreux avantages qu’il promet d’apporter. Une étude menée par la DEALM (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement, du Logement et de la Mer) a révélé que 60% des automobilistes seraient prêts à changer leur mode de transport actuel pour les navettes maritimes. Cette acceptation élevée s’explique par l’amélioration attendue de la fluidité du trafic, la réduction des temps de trajet et l’impact positif sur l’environnement.

Certains habitants craignent que les estimations de la demande, qui prévoient environ 5 000 passagers par jour, soient trop optimistes. Ils s’inquiètent que le projet puisse ne pas attirer suffisamment de passagers pour justifier les coûts d’exploitation, surtout si les navettes ne parviennent pas à offrir une fréquence ou une fiabilité qui répond aux attentes des usagers.

Avantages

Le projet de navettes maritimes entre Longoni, Iloni et Mamoudzou présente plusieurs avantages significatifs. Il vise principalement à alléger la congestion routière en offrant une alternative efficace aux trajets en voiture, ce qui améliore les temps de trajet et réduit la pollution atmosphérique. En termes d’impact environnemental, le projet se distingue par son engagement en faveur de la protection des écosystèmes marins, avec des initiatives comme la transplantation de coraux et la surveillance des plages de pontes pour les tortues. De plus, l’utilisation future de navettes solaires pourrait réduire encore davantage l’empreinte carbone. Enfin, les navettes nécessitent des infrastructures légères, ce qui minimise les coûts de construction et de maintenance tout en soutenant l’économie locale grâce à l’entretien réalisé sur place à Mayotte.

Défis

Avec un coût total de 30 millions d’euros, le financement du projet de navettes maritimes est un défi majeur nécessitant une allocation rigoureuse des fonds pour couvrir la construction des gares maritimes, l’achat et l’entretien des navettes, ainsi que les études environnementales et les compensations écologiques. 

Le projet doit également minimiser son impact écologique, en mettant l’accent sur la protection de la faune maritime, des tortues et des coraux, tout en gérant les risques de pollution. L’intégration de nouvelles méthodes de compensation écologique et l’envisagement d’une utilisation future de navettes solaires sont essentiels pour réduire l’empreinte carbone. Parallèlement, la gestion et l’entretien des navettes, ainsi que le recrutement et la formation du personnel local, sont cruciaux pour garantir un service fiable et durable. Assurer que les navettes soient entretenues localement sans dépendance excessive à des réparations externes est également fondamental pour la pérennité du projet.

Perspectives dans l’avenir

Le projet de navettes maritimes à Mayotte ouvre des perspectives enthousiasmantes pour l’avenir, marquées par plusieurs dimensions clés. En premier lieu, l’intégration future de navettes solaires représente une avancée significative dans la réduction de l’empreinte carbone, faisant de ce projet un catalyseur potentiel pour l’innovation dans d’autres domaines du transport durable sur l’île. De plus, le développement des navettes soutient activement l’économie locale en générant des emplois dans le secteur maritime pour l’entretien des navettes et les opérations portuaires. À long terme, l’amélioration des infrastructures pourrait également attirer davantage de visiteurs et de touristes, stimulant encore plus l’économie régionale. En outre, le projet pourrait servir de modèle pour d’autres initiatives de protection environnementale à Mayotte, en renforçant les pratiques de compensation écologique telles que la transplantation de coraux et la protection des plages de pontes pour les tortues, consolidant ainsi les efforts de conservation de la biodiversité marine.

Nadia RAKOTOARISOA


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