
À Maurice, des centaines d’hommes et de femmes, principalement des migrants, sont victimes de trafic humain. Parmi eux, les travailleurs malgaches Jean et Antoine ont récemment partagé leurs histoires de souffrance sous un employeur exploitant.
Le trafic humain à Maurice prend diverses formes, incluant l’acquisition et l’exploitation des personnes par l’abus d’autorité, la violence, la fraude, la prostitution forcée, la coercition, et la servitude domestique. Jean et Antoine ont été victimes de conditions de travail abusives, de salaires de misère, de violence physique, et de la confiscation de leurs passeports. Jean est arrivé à Maurice en novembre 2023, tandis qu’Antoine est arrivé en février 2024, et leurs révélations ont été faites à l’occasion de la Journée internationale contre le trafic humain. Les abus se sont produits à Maurice, où les deux travailleurs ont été employés sous de fausses promesses par un intermédiaire malgache. La pauvreté endémique à Madagascar pousse de nombreux Malgaches à chercher de meilleures opportunités à l’étranger, les rendant vulnérables à l’exploitation. Des employeurs véreux profitent de la faiblesse des protections légales et de l’absence de soutien pour les travailleurs migrants à Maurice. Jean et Antoine ont été trompés par des promesses d’emplois bien rémunérés avec logement et nourriture inclus. Une fois à Maurice, leurs passeports ont été confisqués, ils ont été forcés de rembourser leurs billets d’avion, et ont dû payer pour leur logement et leur nourriture eux-mêmes. Ils ont enduré de longues heures de travail avec des salaires insuffisants et ont été victimes de violence physique.
Rapport Américain :Défaillances dans la Lutte contre le Trafic Humain
Maurice a été rétrogradé à la « Tier 2 Watch List » dans le classement sur le trafic humain, indiquant que le pays n’a pas pleinement répondu aux normes minimales pour l’élimination du trafic humain. Cette rétrogradation souligne une défaillance dans les efforts du gouvernement pour lutter efficacement contre ce fléau. En effet, le gouvernement mauricien n’a pas montré une augmentation significative de ses efforts depuis le dernier rapport, malgré les impacts possibles de la pandémie de Covid-19. Cela se traduit par l’absence de poursuites sous la loi anti-trafic de 2009 et de condamnations de trafiquants, ainsi que par l’inefficacité des enquêtes policières sur les cas de trafic de main-d’œuvre. Les services fournis aux victimes de trafic humain sont jugés insuffisants ; ces victimes continuent d’être contraintes de participer aux procédures pénales sous menace de déportation et d’arrestation, avec un manque de reconnaissance officielle du trafic de main-d’œuvre. Les peines imposées aux délinquants, notamment les « first time offenders », sont perçues comme clémentes, ce qui diminue l’effet dissuasif des sanctions.
Le rapport recommande de renforcer l’identification des victimes parmi les populations vulnérables, d’améliorer les services de refuge et d’assistance, et de mettre en place une approche centrée sur les victimes. Il appelle également à une coopération renforcée avec les organisations internationales et les partenaires pour lutter contre le trafic humain et améliorer les mécanismes de suivi. Les trafiquants exploitent principalement les travailleurs migrants dans les petites et moyennes entreprises, où les passeports des travailleurs sont souvent confisqués pour les empêcher de changer d’emploi, augmentant ainsi leur vulnérabilité au travail forcé.
Mesure prise
Le manque de communication entre la police et le bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) constitue un problème majeur entravant l’efficacité dans le traitement des affaires de trafic humain à Maurice. Pour remédier à ce déficit de coordination, un Task Force a été créé, dirigé par Me Nataraj Muneesamy, Assistant DPP. Ce groupe a pour missiond’améliorer la coopération entre les différentes agences juridiques, y compris la police, en fournissant des conseils juridiques rapides et en renforçant la coordination entre les parties prenantes. L’objectif de cette initiative est de résoudre les problèmes de communication, d’optimiser la collecte de preuves, et de garantir que les témoignages recueillis par la police soient adéquats pour les procédures judiciaires. Le DPP souligne que cette coordination efficace est très importante pour obtenir des condamnations et freiner les activités de trafic humain. Il met également l’accent sur l’importance de ne pas oublier les victimes, en s’assurant qu’elles reçoivent le soutien nécessaire tout au long du processus judiciaire. Selon le DPP, le Task Force a pour rôle de guider la police dans la collecte de témoignages essentiels, permettant ainsi aux avocats de préparer des dossiers solides pour les tribunaux.
Nadia RAKOTOARISOA


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