
Un syndicat en crise sous haute surveillance
Mayotte est confrontée à une nouvelle crise alors que les agents du syndicat de collecte et de traitement des déchets, SIDEVAM 976, sont en grève. Ce mouvement social, qui intervient dans un contexte de tourmente financière, risque d’aggraver une situation déjà critique pour l’île.
Le SIDEVAM 976, déjà en proie à de graves difficultés, voit sa gestion remise en cause par la Chambre régionale des comptes, qui a dénoncé une « gouvernance défaillante » et des « graves dysfonctionnements ». Entre 2017 et 2019, le déficit du SIDEVAM a été multiplié par six, attirant l’attention du parquet national financier. Aujourd’hui, cette pression financière se matérialise par une grève qui paralyse une partie des services de collecte des déchets sur l’île.
Les origines du mouvement social
Le 12 août dernier, le syndicat SNUTER-FSU, relativement nouveau au sein du SIDEVAM 976, a déposé un préavis de grève, réclamant la régularisation des primes pour les agents. Bien que le SNUTER-FSU soit récent dans cette structure, il siège au Conseil supérieur de la fonction publique territoriale, ce qui lui confère une légitimité dans les négociations. Les syndicats historiques, CGT Ma et FO, ainsi que la CFDT, se sont également joints aux discussions, bien que les pourparlers aient rapidement atteint une impasse.
Chanoor Kassam, Directeur Général des Services du SIDEVAM 976, a tenté de maintenir le dialogue avec tous les syndicats concernés. Il a reconnu l’impatience des agents, expliquant que « beaucoup de sujets n’ont pas été traités par la précédente mandature ». Parmi ces sujets, la mise en place du RIFSEEP, un régime indemnitaire national lancé en 2014, s’avère particulièrement difficile à appliquer au sein d’une structure aussi diverse que le SIDEVAM 976.
Un impact direct sur la collecte des déchets
La grève a immédiatement affecté la collecte des déchets à Mayotte. Lundi dernier, des agents non-grévistes ont tenté de reprendre le travail à Petite-Terre, mais ont été confrontés à des actes de sabotage. Deux camions de collecte ont été mis hors service, et l’accès au centre d’enfouissement de Dzoumogne a été bloqué par des grévistes. Face à cette situation, le SIDEVAM a dû faire appel à des prestataires privés pour assurer une collecte minimale dans certaines zones, une solution coûteuse pour une structure déjà en difficulté financière.
Chanoor Kassam a exprimé sa préoccupation quant au coût élevé du recours à des prestataires privés, précisant que cela pèse lourdement sur une structure qui tente de se redresser. Si la grève se prolonge, des conséquences sanitaires pourraient émerger, rendant une réquisition d’agents par le préfet envisageable.
Des défis structurels à long terme
Au-delà des perturbations immédiates, la grève met en lumière des problèmes structurels plus profonds. L’harmonisation des régimes indemnitaires au sein du SIDEVAM 976 représente un défi majeur, en raison de la diversité des syndicats de collecte qui ont fusionné pour créer la structure actuelle. Une étude de 2020 a révélé qu’environ 40% des agents pourraient voir leurs indemnités diminuer, compliquant l’application du RIFSEEP.
Les discussions entre les syndicats et la direction se poursuivent, mais aucun compromis n’a encore été trouvé. La situation reste donc incertaine, tant sur le plan financier que sanitaire, et les prochains jours seront décisifs pour l’avenir du SIDEVAM 976.
Nadia RAKOTOARISOA


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