
Dans les eaux scintillantes de l’océan Indien, un ballet discret mais impitoyable se joue. Ce ne sont pas des pêcheurs en quête de thon, ni des navires marchands lourdement chargés de marchandises, mais des drones silencieux qui patrouillent le ciel. Pour la Garde-Côtes comorienne, c’est une révolution. Ces engins volants marquent une rupture avec des décennies de surveillance maritime faite à l’œil nu, ou du moins avec une paire de jumelles passée de main en main.
Une surveillance à la pointe du ciel
Ces drones, au nombre de trois, ont été acquis pour combattre une guerre invisible mais bien réelle : celle contre la pêche illégale et les trafics maritimes. Car sous la surface des eaux tranquilles, se cache un univers de menaces. La position géographique des Comores en fait une plaque tournante des échanges maritimes, avec toutes les dérives que cela suppose. Il ne faut pas être naïf : pêcheurs sans permis, narcotrafiquants et contrebandiers en tout genre savent aussi manier le gouvernail. Mais aujourd’hui, ils font face à un ennemi redoutable qui n’a pas besoin de sommeil ni de caféine pour rester alerte.
Les drones comoriens volent haut et voient loin. « Ces machines nous offrent une vue d’ensemble que nous n’avions jamais eue avant », déclare fièrement le capitaine de la Garde-Côtes. Une avancée qui permet non seulement de surveiller des zones maritimes immenses, mais aussi d’agir vite. La Garde-Côtes peut désormais passer de la détection à l’intervention en un clin d’œil, évitant ainsi de voir leurs ressources pillées sous leur nez. Comme le souligne un récent rapport de l’Union européenne, l’usage des drones dans les zones maritimes contestées permet de multiplier par cinq les interceptions de navires illégaux.
Les Comores en embuscade contre la pêche illégale
La pêche INN (illégale, non déclarée et non réglementée) est un véritable fléau pour l’économie locale. Chaque année, des millions de dollars échappent aux filets des Comores, remplacés par des pertes économiques et écologiques. Avec l’introduction des drones, cette hémorragie commence enfin à être contrôlée. « Ces drones offrent une vue d’ensemble, essentielle pour garantir une gestion durable de nos ressources halieutiques », explique un expert en gestion des pêches de l’Union des Comores.
Les drones permettent désormais une surveillance 24 heures sur 24, capable de couvrir des zones auparavant hors de portée des moyens traditionnels. Cela signifie que même les navires qui tentent de se cacher dans les coins reculés de la zone économique exclusive comorienne (ZEE) ne passent plus inaperçus. La précision des drones leur permet de traquer les intrus et de signaler leur position aux autorités en temps réel, réduisant les délais d’intervention des garde-côtes.
Le soutien international : une clé de voûte
Cette modernisation n’aurait pas été possible sans l’assistance internationale. L’Union européenne, déjà engagée dans la préservation des écosystèmes marins, a non seulement financé l’acquisition des drones, mais également formé les équipes locales. De plus, les États-Unis ont apporté une aide technique précieuse dans le cadre de leur programme de sécurité maritime en Afrique de l’Est. Cela montre l’importance géostratégique de la région, non seulement pour les Comores, mais pour l’ensemble de la communauté internationale.
Au-delà de la pêche illégale : une lutte contre le trafic maritime
Les drones ne se contentent pas de surveiller les pêcheurs illégaux. Ils jouent également un rôle crucial dans la lutte contre les autres formes de trafic maritime, telles que le trafic de drogue et d’êtres humains. Exploitant les vulnérabilités des côtes comoriennes, les trafiquants avaient jusqu’ici une longueur d’avance. Mais avec ces drones en patrouille, la Garde-Côtes dispose enfin des moyens de riposter.
Défis futurs et nécessité de coopération
Malgré cette avancée, tout n’est pas gagné. Les drones sont des équipements sophistiqués qui nécessitent une maintenance régulière et des équipes hautement qualifiées pour leur manipulation. De plus, les technologies évoluent, et il sera nécessaire de suivre ce rythme pour ne pas voir les drones devenir obsolètes face à des menaces toujours plus sophistiquées. « Nous avons fait un grand pas en avant avec ces drones, mais il nous faudra encore renforcer notre collaboration avec nos partenaires régionaux et internationaux pour garantir une sécurité maritime optimale », conclut un responsable de la Garde-Côtes.
En investissant dans cette technologie de pointe, les Comores s’inscrivent dans une dynamique de protection durable de leurs ressources naturelles, et d’affirmation de leur souveraineté sur leurs eaux territoriales. Un engagement qui, s’il est maintenu et soutenu, pourrait bien transformer leur économie maritime pour les générations à venir.
Fitiavana HARISOA


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