
Le riz, ce petit grain blanc qui nourrit l’imaginaire et les ventres malgaches, est au cœur d’une révolution agricole. Le pays, trop longtemps tributaire des importations pour combler ses besoins, s’apprête à renverser la vapeur avec une innovation à peine sortie des laboratoires asiatiques : le riz hybride. Une semence censée résoudre, ou du moins alléger, les crises alimentaires qui se répètent avec la régularité d’une saison des pluies.
Du riz hybride ou rien : quand Madagascar joue son va-tout
Le constat est simple, brutal même : Madagascar importe des centaines de milliers de tonnes de riz chaque année. Une situation qui affaiblit l’économie et expose le pays aux soubresauts du marché mondial. Il fallait donc une solution, et vite. Voilà qu’entre en scène le riz hybride, sauveur en puissance. Selon les experts du ministère de l’Agriculture, cette variété miracle peut produire deux à trois fois plus que les semences traditionnelles. Miracle ou mirage ? C’est ce que le gouvernement malgache espère découvrir rapidement.
Quand le riz chinois se met à parler malgache
Madagascar ne fait pas cavalier seul dans cette aventure. Deux protocoles d’accord ont été signés avec la société chinoise Yuan’s Seed. Derrière ces signatures, une promesse : non seulement importer ces semences, mais surtout les produire localement. Transferts de technologie, expertise, et bien sûr une petite touche de diplomatie économique entre la Chine et Madagascar. « Nous avons la possibilité de devenir exportateurs de riz », s’enthousiasme un responsable malgache. Et si, au passage, quelques millions de dollars étaient économisés en réduisant les importations, personne ne s’en plaindrait.
Les premiers résultats laissent entrevoir des lendemains qui chantent. Les agriculteurs formés aux nouvelles techniques témoignent déjà des premiers succès : « Si nous parvenons à produire plus, nous pourrons vendre nos excédents à des prix plus compétitifs », confie un agriculteur de Vakinankaratra, bien décidé à ne pas laisser passer cette opportunité. Et pour ceux qui s’inquiètent du coût, des subventions gouvernementales sont prévues pour faciliter l’accès à ces semences high-tech.
Quand l’utopie rencontre la réalité des rizières
Mais si l’avenir semble aussi fertile qu’une rizière en pleine mousson, quelques grains de sable subsistent. La modernisation des infrastructures agricoles n’est pas une mince affaire. L’accès à l’eau, dans un pays où la gestion des ressources hydriques est déjà un casse-tête, reste une priorité. Et puis, bien sûr, il y a la question du long terme. Les semences hybrides sont-elles une solution durable ou risquent-elles d’épuiser les sols à force d’exiger toujours plus de rendements ?
Madagascar, en tout cas, semble déterminé à relever ces défis. Les bénéfices à court terme sont là : des rendements doublés, une baisse des importations et un coup de fouet pour les revenus des petits exploitants. Mais la vigilance reste de mise, car l’histoire a prouvé qu’aucune révolution agricole ne se fait sans sueur ni larmes. Si les semences hybrides tiennent leurs promesses, Madagascar pourrait bien devenir le grenier à riz de la région, apportant avec lui une prospérité tant attendue.
Fitiavana HARISOA


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