
À La Réunion, le secteur du logement social se trouve à un carrefour décisif. Dans un contexte où les chantiers peinent à avancer entre inflation des matériaux et bureaucratie galopante, CDC Habitat et ses filiales (SIDR, Sodiac, Semac, Semader) ont décidé de sortir les truelles et de poser la première pierre d’un vaste plan d’expansion. Objectif affiché : une augmentation de 20 % des mises en chantier d’ici 2024. On est loin des simples promesses en béton, puisqu’on parle ici de 1 200 nouveaux logements à construire, contre les 1 000 prévus pour 2023. Une performance honorable dans une économie locale qui vacille sous les coûts de production.
Une pluie de millions pour faire pousser des immeubles
Dans les couloirs feutrés de la CDC Habitat, les calculatrices chauffent. Les investissements passent d’une enveloppe de 200 millions d’euros en 2023 à 300 millions pour l’année suivante. À y regarder de plus près, ce sont les projets neufs qui s’arrogent la plus grosse part du gâteau. Anne-Sophie Grave, présidente du directoire, l’assure : il n’y aura pas de bétonnage sauvage, mais bien des constructions pensées pour répondre aux besoins de l’île, tout en donnant un coup de fouet à l’économie locale. Car à La Réunion, trouver un toit décent n’est pas qu’une question de murs, c’est un enjeu vital.
La tempête des prix et des matériaux : ça casse mais ça tient
Tout n’est pourtant pas rose sur le chantier de la construction réunionnaise. Philippe Pourcel, directeur général adjoint, tire la sonnette d’alarme. Avec l’envolée des prix des matériaux, les appels d’offres traînent et les promoteurs privés préfèrent se retirer du jeu. “On ne peut pas se permettre de répercuter la hausse sur les loyers”, rappelle-t-il. Alors, comment tenir la balance financière sans faire couler les projets ? Un équilibre qui relève du funambulisme dans un secteur où les dépenses incompressibles sont aussi lourdes que le béton qu’on espère couler.
Proximité avec les locataires : des gardiens en première ligne
Si la construction est au cœur des préoccupations, la qualité de vie des locataires n’est pas en reste. CDC Habitat a décidé de renforcer la proximité en déployant une centaine de gardiens d’immeuble, véritables sentinelles du quotidien, pour assurer l’entretien des lieux et tisser des liens avec les résidents. Du côté des personnes âgées, des résidences adaptées voient également le jour, notamment à Saint-Denis et Petite-Île, deux zones où la demande est forte.
La SIDR a également fait des progrès notables dans l’assurance des locataires. Près de 50 % d’entre eux n’étaient pas couverts en 2022, mais grâce à un partenariat avec un assureur local, ce chiffre a été réduit à 36 %. Un petit pas pour l’assurance, mais un grand pour les locataires.
Vers un avenir en chantier ?
Malgré les turbulences, CDC Habitat garde le cap avec des objectifs ambitieux : 1 400 logements dans les prochaines années et des terrains déjà repérés pour 4 000 logements supplémentaires sur toute l’île. Mais l’avenir reste semé d’embûches : la disponibilité du foncier, la collaboration avec les collectivités locales et les autorisations administratives restent des obstacles à surmonter.
Nadia RAKOTOARISOA


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