
La Réunion est en proie à une montée en flèche du trafic de cigarettes illégales, un commerce souterrain qui affecte l’économie et met en danger la santé des fumeurs. Les autorités locales tentent de démanteler ces réseaux, mais le phénomène, bien organisé, continue de croître.
Des pertes fiscales vertigineuses
Le commerce illégal de cigarettes représente une véritable hémorragie pour les finances publiques. À La Réunion, près de 15 % du marché des cigarettes serait dominé par la contrebande, causant des pertes fiscales évaluées à plusieurs millions d’euros chaque année. Ces sommes échappent aux caisses publiques et privent des secteurs cruciaux comme la santé et l’éducation de financements essentiels.
Jean-Marc Rousseau, économiste spécialisé en économie insulaire, dénonce cette situation : « La contrebande fragilise l’économie locale. Les commerçants légaux ne peuvent rivaliser avec les prix extrêmement bas des cigarettes illégales, ce qui crée une distorsion du marché. »
Un danger pour la santé publique
Outre l’impact économique, la contrebande de cigarettes constitue un grave problème de santé publique. Ces produits de contrebande sont souvent fabriqués dans des conditions douteuses et contiennent des substances toxiques non réglementées, augmentant les risques pour les consommateurs.
Le Dr. Philippe Morel, pneumologue à Saint-Denis, alerte sur les dangers accrus de ces cigarettes bon marché : « Les fumeurs sont exposés à des doses plus élevées de substances cancérigènes, ce qui aggrave les risques de maladies pulmonaires. Les jeunes, attirés par les bas prix, sont particulièrement vulnérables. » Contrairement aux cigarettes légales, ces produits échappent aux contrôles sanitaires et ne portent pas d’avertissements sur les dangers du tabac.
Des réseaux bien rodés
Les autorités locales redoublent d’efforts pour lutter contre ce commerce illicite. Les saisies de cigarettes de contrebande ont augmenté de 30 % en 2023, mais les réseaux criminels, souvent en lien avec des filières internationales, restent très organisés. Pierre Martel, directeur régional des Douanes, reconnaît l’ampleur du défi : « Nos équipes sont mobilisées, mais les contrebandiers exploitent chaque faille. La coopération avec d’autres pays de l’océan Indien est essentielle pour endiguer ce fléau. »
Cependant, tant que la demande pour des produits moins chers persistera, la contrebande continuera de prospérer, au détriment de la santé publique et de l’économie locale.
Fitiavana HARISOA


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