Maurice : Les peines liées aux drogues, une justice à deux vitesses ?

Dans l’océan Indien, la question des peines infligées pour les infractions liées aux stupéfiants est au cœur d’intenses débats. À Maurice, la condamnation récente d’Aboo Baker Mudhoo et de son neveu à de lourdes peines de prison pour culture de cannabis a choqué une grande partie de l’opinion publique. Ce cas, mis en parallèle avec d’autres affaires de trafic de drogues dures, soulève des questions sur l’équité du système judiciaire.

Une législation héritée du passé

Les lois mauriciennes sur les stupéfiants, comme dans de nombreux pays de la région, restent empreintes de l’époque coloniale. À l’époque, les autorités imposaient des sanctions draconiennes pour contrôler la population locale. Cette approche punitive, conçue pour réprimer, a peu évolué avec le temps, malgré les bouleversements sociaux et les réévaluations internationales sur le statut du cannabis.

Aujourd’hui encore, Maurice traite la culture du cannabis avec la même sévérité que le trafic de drogues dures comme l’héroïne ou la cocaïne. Cette absence de distinction dans la loi a conduit à des peines particulièrement dures pour des infractions liées aux drogues douces.

En revanche, à La Réunion, bien que rattachée à la France, les peines pour infractions liées au cannabis sont souvent plus modérées, illustrant une différence frappante d’approche légale entre ces îles voisines.

Un système judiciaire inégalitaire ?

Le sentiment d’injustice s’accentue lorsque l’on compare des affaires similaires. Le cas de l’Ougandaise Hanishah Walukana, condamnée à 11 ans de prison pour trafic d’héroïne, avec une saisie de drogue d’une valeur de 16 millions de roupies, interpelle. À l’inverse, Aboo Baker Mudhoo a écopé de 30 ans de prison pour culture de cannabis. Cette disproportion entre les peines est ressentie comme profondément inégalitaire. Comment expliquer que des cultivateurs de cannabis reçoivent des peines plus sévères que des trafiquants d’héroïne ? Cette disparité laisse penser que la justice mauricienne punit plus sévèrement les petits délinquants que les véritables criminels du trafic de drogues dures.

Une nécessaire harmonisation des lois dans l’océan Indien

L’océan Indien, carrefour stratégique pour de nombreux réseaux de trafic de stupéfiants, doit engager une réflexion sur l’harmonisation des lois en matière de stupéfiants. Une approche plus proportionnée, prenant en compte la gravité réelle des infractions, pourrait aider à réduire ces inégalités perçues. Réformer le cadre législatif en adoptant une approche plus humaine permettrait d’équilibrer la lutte contre les trafiquants tout en traitant plus justement les petits délinquants.

Hadjani ANDRIANARINIVO


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