Maurice : L’aéroport SSR International au bord de l’implosion ?

L’aéroport international SSR, vitrine de l’île Maurice, traverse actuellement une période de turbulences intenses. Derrière les sourires des hôtesses et les ordres feutrés des contrôleurs aériens, une atmosphère lourde s’est installée. En cause : des accusations de mauvaise gestion, des failles béantes dans la sécurité, et une direction de plus en plus décriée.

Une nomination qui suscite des doutes

Pawan Baichoo, le nouvel homme fort de l’aéroport, est au centre de la tempête. De pompiste à conseiller politique, son ascension fulgurante jusqu’au poste de directeur de l’aéroport a de quoi surprendre. Désormais à la tête d’institutions publiques comme AML et MDFP, sa gestion est dénoncée comme inadaptée à l’univers complexe de l’aéronautique. Les employés grincent des dents et pointent du doigt des dysfonctionnements, tandis que le spectre de ses ambitions politiques plane en filigrane. Faut-il voir dans sa nomination autre chose qu’un simple concours de circonstances ?

Le drame silencieux : une agente brisée en service

Le quotidien au sol n’est pas plus radieux. L’un des incidents les plus glaçants reste l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui a terrassé une agente de sécurité en plein service. Selon ses collègues, c’est la pression infernale à laquelle elle était soumise qui aurait joué un rôle déterminant dans son malheur. Désormais clouée au lit, incapable de parler ou de marcher, elle est laissée pour compte par une direction froide, incapable de gérer une telle situation avec humanité. Seul le soutien des autres employés, sous forme de dons, permet de subvenir à ses besoins, un silence coupable de l’administration en arrière-plan.

Sécurité de l’aéroport : du bricolage dangereux ?

Sur le front de la sécurité, les problèmes s’accumulent. Une véritable « usine à gaz » administrative règne dans ce domaine critique, où l’on s’étonne de voir un ancien inspecteur de police aux commandes. Ni formé, ni expérimenté dans la gestion des menaces aéroportuaires, sa nomination fait tiquer plus d’un expert. À tel point que le Département de l’Aviation Civile (DCA) a dû intervenir en catastrophe pour assurer les bases minimales de la sécurité, un domaine où la moindre faille pourrait se révéler catastrophique.

Des recrutements au parfum électoral

Du côté des embauches, le tableau est tout aussi sombre. Cinquante nouveaux agents de sécurité ont été intégrés, issus presque exclusivement d’une circonscription liée à… Pawan Baichoo. Les suspicions de favoritisme se transforment vite en certitudes lorsqu’on apprend que la majorité des nouvelles recrues n’ont bénéficié que de deux semaines de formation pour assurer la sécurité d’un des aéroports les plus fréquentés de l’océan Indien.

La grogne monte aussi au sein des rangs. Sur 19 postes à pourvoir dans le département de sécurité, seuls quatre ont été attribués aux anciens employés, malgré leur ancienneté. Les autres postes ont été offerts à des recrues de 2019, créant une fracture supplémentaire entre les nouveaux et les anciens.

Un climat de peur et d’intimidation

L’ambiance à SSR est aujourd’hui marquée par un climat de peur. Les menaces de licenciement planent sur les employés, notamment sur le responsable de la santé et de la sécurité. Ce dernier, tenu en laisse par la direction, se retrouve impuissant à défendre les travailleurs face à des conditions de travail de plus en plus alarmantes. Pression, menaces et favoritisme sont devenus les maîtres mots d’un aéroport où les avions décollent certes, mais où les esprits, eux, sont cloués au sol.


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