
Le 16 septembre dernier, le tribunal judiciaire de Saint-Denis a prononcé la liquidation de l’association Croix Marine, marquant la fin brutale d’une institution qui, pendant des années, a assuré la tutelle et la curatelle de 1 500 majeurs protégés. Si cette décision peut sembler purement judiciaire, elle révèle surtout des mois de dysfonctionnements internes, de malversations financières présumées, et, plus tragiquement, un effondrement humain aux conséquences dévastatrices.
Chronique d’une chute annoncée
À l’origine de cette liquidation, des pratiques financières douteuses et une gestion chaotique. Fondée pour accompagner les plus vulnérables dans la gestion de leurs affaires quotidiennes, Croix Marine s’est peu à peu enfoncée dans des pratiques qui ont mis en danger son existence même. Mauvaise gestion des fonds, irrégularités comptables… tout cela a mené à la perte de confiance des donateurs, des partenaires institutionnels, et finalement, des bénéficiaires eux-mêmes.
Des enquêtes internes ont fait état d’anomalies financières suffisamment importantes pour que le couperet tombe. Et, avec lui, ce sont 57 salariés qui se retrouvent brutalement sans emploi et 1 500 majeurs protégés plongés dans l’incertitude.
Les répercussions humaines : un chaos social
Pour les 57 employés de Croix Marine, c’est la fin d’une mission. Mais pour les 1 500 majeurs protégés, c’est bien plus qu’un emploi perdu. Ce sont des vies qui vacillent, des existences rendues instables par l’absence de soutien pour la gestion de leur quotidien. Comment gérer ses finances, comment maintenir une sécurité quand le filet social disparaît ?
Ces personnes, souvent en situation de grande vulnérabilité, voient leurs repères s’effondrer. La fermeture de Croix Marine crée un vide que les autorités locales doivent combler au plus vite, sous peine de voir des centaines de personnes sombrer dans la précarité. La question n’est plus de savoir si ces majeurs protégés trouveront de nouveaux tuteurs, mais quand, et dans quelles conditions.
Une urgence pour la communauté
Pour la communauté réunionnaise, c’est un véritable défi social qui se profile. Comment assurer une transition rapide et efficace vers d’autres structures de tutelle et de curatelle ? Qui prendra en charge ces 1 500 bénéficiaires laissés à eux-mêmes ?
Les services sociaux, déjà sous pression, vont devoir coordonner une transition qui se veut aussi rapide que possible. Il est impératif de garantir que les bénéficiaires ne subissent pas de coupure dans leur prise en charge, sinon c’est tout leur équilibre, déjà fragile, qui vacillera. Mais la tâche est immense : trouver de nouvelles structures, former du personnel, et assurer une continuité dans l’accompagnement.
Les réactions et l’après-Croix Marine
Du côté des salariés et des bénéficiaires, l’inquiétude est palpable. Les premiers s’interrogent sur leurs droits, les seconds sur leur avenir. Dans ce climat de désarroi, les donateurs se demandent également ce qu’il adviendra des projets en cours et des fonds investis dans une association qui n’existe plus.
Cependant, des initiatives se mettent en place. D’anciens membres de Croix Marine envisagent déjà de créer de nouvelles structures pour reprendre le flambeau, tandis que les autorités locales devront jouer un rôle central dans l’élaboration de stratégies pour éviter que ce type de situation ne se reproduise. La crise actuelle pourrait devenir un signal d’alarme pour une meilleure gestion des associations à l’avenir.
Fitiavana HARISOA


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