
Coup de frein brutal pour Mwali, l’île la plus petite mais non moins ambitieuse de l’Union des Comores, désormais coupée du reste de l’archipel. En cause ? L’arrêt des vols de Royal Air, la seule compagnie desservant les liaisons inter-îles, dont le seul appareil – un modeste SAB de 34 places – est cloué au sol par une énième panne. Ce nouvel épisode illustre cruellement la fragilité du secteur aérien comorien, artère vitale pour les échanges entre les îles, et par extension, pour leur autonomie même.
Autonomie menacée, développement asphyxié
À Mwali, l’avion n’est pas un luxe, mais une nécessité. Sans liaisons aériennes, c’est toute l’économie, déjà vacillante, qui suffoque. L’industrie touristique, fer de lance du développement local, en prend un coup sévère. Les échanges commerciaux suivent le même sort. La mer, bien que séduisante, n’offre qu’une alternative illusoire : traverser les flots est risqué, les conditions de sécurité maritime étant tout sauf rassurantes. Ainsi, l’aérien s’impose, malgré ses faiblesses, comme le dernier bastion de la mobilité pour cette île enclavée.
Les failles d’un secteur stratégique
Les récents déboires de Royal Air ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Le secteur aérien comorien traîne de lourdes faiblesses : manque de contrôle strict sur les compagnies, négligence des normes de sécurité, et infrastructures vieillissantes. Les incidents s’accumulent, et la facture, c’est la population qui la règle. Sans une supervision plus rigoureuse des autorités, cette répétition des erreurs ne fera qu’affaiblir davantage un système déjà sur le déclin.
Un pilier à rebâtir, d’urgence
Pour les Comoriens, l’autonomie ne se résume pas à un concept abstrait, elle est intimement liée à la capacité de se déplacer. Lorsque le ciel se ferme, c’est toute la dynamique économique, sociale et culturelle qui vacille. Les autorités locales sont face à une urgence : remettre sur pied un secteur aérien qui tient la route. Mais plus encore, il s’agit de reconstruire un pilier de fer, où la sécurité et la fiabilité doivent primer. L’isolement temporaire de Mwali ne doit pas devenir une condamnation durable.
Penser au-delà des avions : vers une connectivité durable
La panne récurrente du SAB n’est qu’un symptôme. Au-delà des réparations techniques, il est temps pour les Comores d’imaginer une stratégie à long terme. Cela passe par le renforcement de la flotte aérienne, mais aussi par une diversification des modes de transport. L’amélioration des infrastructures maritimes et une réflexion autour de solutions alternatives sont indispensables. Pour garantir une connectivité fiable, durable, et surtout, respectueuse des besoins d’autonomie des îles.
Le défi est immense, mais nécessaire. Mwali, et plus largement l’Union des Comores, jouent leur survie économique et sociale sur cette capacité à rester connectées entre elles et avec le monde extérieur.
Hadjani Andrianarinivo


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