Comores : Une passerelle culturelle pour l’océan Indien

Fin septembre 2024, un événement de taille secoue la petite île des Comores : le Congrès Culturel Panafricain. Un choix inédit pour un rassemblement de cette ampleur, marquant l’histoire des îles de l’océan Indien souvent perçues comme périphériques. Prévu du 25 au 27 septembre, ce congrès offre aux Comores une tribune unique, non seulement pour briller, mais aussi pour affirmer que les territoires insulaires ne sont pas de simples spectateurs de la dynamique africaine, mais bien des acteurs incontournables.

Une diversité culturelle incarnée

Les Comores, petit archipel à l’histoire dense, sont un symbole vivant de la diversité culturelle africaine. Tradition et modernité s’y croisent sans cesse, témoignant de l’influence d’anciennes routes maritimes qui ont vu passer commerçants arabes, colons européens et explorateurs africains. Accueillir un événement tel que le Congrès Culturel Panafricain est pour les Comores une occasion en or d’affirmer leur rôle central dans la préservation et la promotion de la diversité culturelle africaine.

Depuis longtemps perçues comme des marges, les Comores s’imposent aujourd’hui comme une plaque tournante. Leur implication prouve que l’Afrique ne peut se réduire à ses terres continentales. Loin d’être de simples témoins, les îles de l’océan Indien ont toujours participé à cette richesse commune et, à travers ce congrès, elles rappellent au monde que l’avenir culturel du continent se joue aussi en mer.

Une lutte pour préserver les trésors culturels

Les autres îles de l’océan Indien – Maurice, Madagascar, Seychelles – ont elles aussi un rôle à jouer dans ce vaste échiquier culturel. Le congrès, en abordant les arts, l’éducation, le patrimoine et l’économie créative, soulève des questions vitales pour ces territoires. La mondialisation et le tourisme de masse mettent en péril des savoirs ancestraux et des pratiques culturelles uniques. Mais il ne s’agit pas ici de céder à la nostalgie d’un passé révolu. Bien au contraire, il est question de l’avenir, d’une préservation active et renouvelée.

En effet, il est temps de cesser de traiter ces îles comme de simples destinations de vacances, décor pittoresque de brochures touristiques. Leur culture, leurs traditions, leurs langues méritent une place de choix dans les discussions panafricaines. Ce congrès représente une chance pour ces territoires de reprendre en main leur récit, et de ne plus être réduits à de simples arrière-plans.

L’économie créative : un levier de développement

Au cœur des débats du Congrès Culturel Panafricain 2024, un thème essentiel : l’économie créative. Pour les îles, c’est bien plus qu’un concept à la mode. C’est une opportunité de développement durable, de création d’emplois et de richesses à partir de leur patrimoine unique. L’artisanat, la musique, le cinéma ou encore la littérature sont autant de secteurs où les îles peuvent briller. Et pour cause, l’enjeu n’est pas seulement de préserver des traditions, mais de les rendre dynamiques, de les transformer en leviers économiques tout en maintenant intacte leur essence culturelle.

En s’ancrant dans ces industries, les Comores et leurs voisines peuvent non seulement exister, mais prospérer. Ce congrès leur offre la possibilité d’affirmer que la culture est un pilier de leur développement, un moyen de concilier modernité et tradition, et de rappeler au continent que l’avenir africain ne peut s’écrire sans elles.

Un avenir ouvert pour les îles

Les îles de l’océan Indien ne sont plus de simples spectateurs dans l’histoire africaine. Avec ce congrès, elles prennent la parole pour revendiquer leur place dans les grandes discussions sur l’art, la culture et l’éducation en Afrique. Et, par la même occasion, elles renforcent leur coopération avec le continent. L’enjeu est d’enraciner leur spécificité dans un cadre panafricain plus large, d’être non plus des témoins de l’histoire, mais des bâtisseurs d’un avenir commun.

Il est temps que l’Afrique intègre pleinement ces territoires dans ses initiatives, car c’est par eux, avec eux, que la culture africaine trouvera de nouvelles voies à explorer.

Hadjani ANDRIANARINIVO


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