Délestages à Madagascar : Une crise énergétique qui s’enlise

Madagascar est plongée dans une crise énergétique de grande ampleur. Les coupures d’électricité, ou délestages, sont devenues une réalité quotidienne pour des millions de Malgaches. Avec une capacité installée de seulement 500 MW face à une demande qui dépasse les 750 MW, le pays est frappé de plein fouet par l’insuffisance de sa production électrique. Cette crise, exacerbée par des infrastructures vieillissantes et l’impact du changement climatique, affecte lourdement tous les secteurs, notamment les petites et moyennes entreprises (PME) et les services publics essentiels.

Des solutions provisoires pour une crise permanente

Le ministre de l’Énergie, Olivier Jean Baptiste, a récemment souligné que les projets durables, tels que la construction de centrales hydroélectriques, prendront des années avant d’apporter des solutions concrètes. Le projet Sahofika, censé générer 192 MW, ne sera opérationnel qu’en 2026. En attendant, le pays continue de dépendre des centrales thermiques, une solution coûteuse et à l’impact environnemental néfaste, car elle repose sur des combustibles fossiles importés.

Ron Weiss, directeur de la Jirama, a également pointé la vétusté des infrastructures : 40 % du réseau électrique nécessite une rénovation urgente. Le coût de cette modernisation est estimé à plusieurs centaines de millions de dollars, une somme colossale que Madagascar peine à mobiliser. Entre-temps, des initiatives temporaires voient le jour, comme le développement de parcs solaires, à l’image de celui d’Ambatolampy, qui fournira 20 MW d’électricité. Ces efforts sont louables mais insuffisants pour répondre aux besoins pressants d’un pays où l’accès à l’électricité reste limité à seulement 15 % de la population.

Un impact dévastateur sur l’économie et les services publics

Les délestages touchent particulièrement les PME, qui constituent plus de 80 % du tissu économique malgache. Une étude récente de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Antananarivo a révélé que ces entreprises enregistrent des pertes allant jusqu’à 30 % de leur chiffre d’affaires en raison des coupures. Cette crise creuse également les inégalités sociales, les ménages étant eux aussi durement impactés. Dans les zones rurales, où l’accès à l’électricité est déjà limité, les délestages prolongent encore davantage l’isolement économique.

Les services publics, tels que les hôpitaux et les écoles, sont les premières victimes de cette instabilité énergétique. Les coupures d’électricité perturbent gravement les soins de santé et l’éducation, exposant la population à des risques sanitaires accrus et compromettant l’avenir des enfants malgaches.

Des investissements colossaux à mobiliser

Le projet Sahofika et d’autres initiatives nécessitent des investissements massifs pour stabiliser le réseau énergétique malgache. Près de 1,5 milliard de dollars devront être investis d’ici 2030 pour moderniser les infrastructures et garantir une fourniture d’électricité fiable. Mais face à l’urgence de la situation, la question reste posée : la population, déjà épuisée par des années de délestages, pourra-t-elle encore patienter ?

Madagascar se trouve à un carrefour. L’introduction des énergies renouvelables et la modernisation des infrastructures sont des étapes cruciales, mais l’attente de résultats concrets semble interminable pour une population qui subit chaque jour les effets d’une crise énergétique qui n’en finit pas.

Fitiavana HARISOA


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