Mayotte s’apprête à accueillir son premier technopôle, un écosystème dédié à l’innovation et à l’entrepreneuriat

Mayotte, île souvent oubliée des grands chantiers de modernité, fait un pas de géant vers l’avenir avec la création de son premier technopôle. Ce projet, qui paraît presque futuriste dans un territoire où la question de l’eau courante reste un enjeu quotidien pour certains, se veut une locomotive économique et technologique pour l’île. Piloté par l’Association Mayotte Technopôle (AMT) et dirigé par Houssam Assany, un ingénieur en aéronautique au CV brillant, ce technopôle est le résultat d’un subtil ballet de partenariats entre institutions locales et internationales. On y retrouve la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), le Conseil départemental, l’ADIM, l’Agence Française de Développement (AFD), et même le GIP Europe. Bref, un parterre d’acteurs bien implantés, bien assis sur leurs prérogatives, prêts à injecter de l’innovation là où elle manque cruellement.

Un espace pour l’innovation… mais pour qui ?

Le technopôle, avec une inauguration prévue pour novembre 2024, aura pour mission d’héberger une dizaine d’entreprises, allant des start-ups aux PME, en passant par les projets portés par de jeunes ambitieux. Bureaux, espaces de coworking, ateliers… tout y est pour encourager les synergies et la collaboration entre chercheurs, entrepreneurs et étudiants. Mais la question demeure : ces infrastructures sont-elles pensées pour les Mahorais ou bien pour des acteurs externes attirés par un potentiel encore inexploité ?

Dans cet espace flambant neuf, un amphithéâtre de 200 places avec des sièges rétractables (parce que pourquoi pas ?), des studios pour héberger les chercheurs et un centre dédié aux événements, conférences et salons internationaux. Plus encore, des fab labs seront mis à disposition pour les chercheurs, équipés d’outils high-tech en électronique et en 3D. L’innovation est là, mais il est à espérer qu’elle ne se transformera pas en vitrine déconnectée des réalités locales.

L’Université de Mayotte : entre recherche et rêves de grandeur

L’Université de Mayotte joue, bien entendu, un rôle central dans ce projet, avec le Laboratoire Interdisciplinaire de Recherches sur les Socio-Écosystèmes de Mayotte (LIRSEM) qui s’implante au cœur du technopôle. Ce laboratoire, à cheval entre théorie et pratique, s’étend sur 600 m² de bureaux et de laboratoires, offrant enfin une infrastructure digne de ce nom aux chercheurs mahorais. Les thèmes de recherche seront naturellement ancrés dans les problématiques locales et régionales. Avec un peu de chance, les étudiants mahorais n’auront plus à s’expatrier pour espérer toucher du doigt une recherche de qualité.

Un tournant décisif pour l’avenir de Mayotte

La date à marquer d’une pierre blanche est le 4 novembre 2024. Juste à temps pour accueillir le 14e Forum Économique des Îles de l’Océan Indien (FEIOI), prévu du 5 au 7 novembre dans les locaux tout neufs du technopôle à Dembeni. Ce projet, ambitieux certes, incarne une nouvelle ère pour l’île. Mais comme toujours, reste à voir si les bénéfices de cette innovation profiteront réellement à la population locale ou si le technopôle finira par être un énième symbole de promesses inachevées.

Nadia RAKOTARISOA


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