
Le 25 septembre 2024, les députés du Rassemblement National, Anchya Bamana et Yoann Gillet, se sont rendus à Mayotte pour évaluer la situation critique du système de santé. Avec 10 000 naissances annuelles, la maternité du Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) est la plus grande d’Europe. Pourtant, derrière cette statistique impressionnante se cache une réalité bien plus sombre. Le manque criant de personnel médical, aggravé par la pression migratoire et une gestion défaillante, a poussé l’infrastructure sanitaire de l’île au bord de l’effondrement.
Un personnel médical à bout de souffle
La pénurie de personnel à la maternité de Mamoudzou est dramatique : sur les 17 postes de médecins budgétés, seuls 7 sont pourvus. La situation des sages-femmes est encore plus alarmante : 90 sages-femmes exercent actuellement, alors que 170 seraient nécessaires pour assurer un service adéquat. Pendant les vacances, ce nombre tombe à 70, mettant encore plus de pression sur les équipes sur place.
Aux urgences, la situation est tout aussi critique. Avec seulement 3 médecins pour un service qui en requiert 30, les généralistes sont appelés à la rescousse pour éviter une fermeture totale. « Si c’était en métropole, tout serait fermé », témoigne Magda Jacazec, urgentiste. Le service du SMUR est suspendu, et les appels d’urgence sont transférés à La Réunion, un état d’urgence pour un territoire français.
L’immigration clandestine, un facteur aggravant
La pression exercée par l’immigration clandestine complique encore la situation. Selon le directeur du CHM, 70 % des enfants nés à la maternité de Mamoudzou ont des mères comoriennes. L’afflux de patientes d’origine étrangère, souvent en situation précaire, surcharge un système déjà en difficulté. Les Mahorais eux-mêmes se voient contraints de chercher des soins en métropole ou à La Réunion, faute de prise en charge suffisante sur l’île.
Des conditions de soins déplorables
Les patientes à la maternité sont souvent entassées dans des chambres où trois femmes partagent le même espace. Malgré des équipements parfois plus modernes qu’en métropole, le manque de personnel et la surcharge de travail rendent impossible une prise en charge de qualité. Cette situation engendre également des tensions internes parmi le personnel médical, exacerbées par des départs en masse ces derniers mois.
Des pistes de solution, mais des défis majeurs
Les députés ont proposé plusieurs pistes pour tenter de remédier à cette situation alarmante. Parmi elles, une réforme de la politique d’attractivité des professionnels de santé à Mayotte. Actuellement, les intérimaires touchent des salaires bien plus élevés que les résidents permanents, ce qui pousse à privilégier les missions temporaires. Une sage-femme de la réserve sanitaire, par exemple, peut gagner en deux semaines ce qu’une collègue locale touche en un mois.
Yoann Gillet a également insisté sur la nécessité de repenser entièrement la stratégie de développement de l’île, tandis qu’Anchya Bamana a appelé à remettre sur la table les réformes bloquées par les changements successifs de ministres.
Une réforme urgente ou un effondrement inévitable
Ce conflit révèle les limites d’un système de santé déjà sous pression, face à une population grandissante et à des ressources limitées. Si aucune action concrète n’est prise, le système de santé à Mayotte pourrait bien sombrer définitivement, laissant ses habitants encore plus isolés face à la crise.
Nadia RAKOTOARISOA


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