
Alors que les citoyens de Mayotte se mobilisent contre la flambée des prix des billets d’avion, le Département a pris une décision importante. Le jeudi 10 octobre 2024, l’Assemblée départementale a voté en faveur de l’octroi d’une subvention de 500.000 euros à Zena Airlines. Ce soutien financier vise à aider la jeune compagnie à obtenir son Certificat de Transport Aérien (CTA), un élément clé pour qu’elle puisse débuter ses activités commerciales.
Un soutien décisif pour Zena Airlines
Cette subvention marque une étape importante pour Zena Airlines. En plus de l’aide au démarrage, le Département espère que cette action contribuera à transformer l’économie locale de manière durable. « Ce pas décisif », selon les termes de Ben Issa Ousseni, président du Conseil départemental, vise à renforcer la connectivité de Mayotte avec le reste du monde tout en facilitant les déplacements aériens pour les Mahorais, longtemps pénalisés par les tarifs élevés des vols.
Des tarifs aériens sous pression
Depuis deux décennies, les prix des billets d’avion au départ de Mayotte n’ont cessé de grimper. Les élus locaux et les citoyens pointent particulièrement du doigt Air Austral, la compagnie quasi-monopolistique sur ce marché. « Air Austral fait ce qu’elle veut, elle pratique des prix exorbitants car elle est la seule sur le territoire », déclare Ben Issa Ousseni, reprenant les plaintes des habitants. Les billets pour rejoindre Paris peuvent parfois atteindre 2.000 euros, avec des escales multiples, notamment à La Réunion, au Kenya, ou aux Pays-Bas.
Ali Djaroudi, président de l’association des usagers du transport aérien à Mayotte, s’indigne : « Il faut aligner deux ou trois salaires pour partir dans l’Hexagone. » Cette situation, jugée intolérable par de nombreux Mahorais, justifie les actions en faveur d’une plus grande concurrence.
Des infrastructures limitées
Si Air Austral parvient à opérer des vols avec ses Boeing 787-8, capables de décoller sur la courte piste de l’aéroport de Pamandzi, d’autres compagnies, comme Air France et Corsair, invoquent des contraintes techniques pour ne pas desservir Mayotte. Ces compagnies considèrent que les infrastructures aéroportuaires de l’île ne sont pas suffisantes pour envisager des opérations durables. En conséquence, Mayotte est le seul département d’outre-mer à ne pas être desservi par Air France, pourtant en charge de la « continuité territoriale » entre les DOM-TOM et la métropole.
Le débat autour de l’allongement de la piste de Pamandzi ou de la construction d’un nouvel aéroport à Bouyouni reste ouvert, sans qu’aucune décision ferme ne soit prise pour l’instant.
Un avenir sous le signe de concurrence
Avec l’arrivée de Zena Airlines, les Mahorais espèrent enfin voir baisser les prix des billets. Julien Novou, président de la nouvelle compagnie, promet que la concurrence permettra d’apporter une vraie baisse des tarifs, rendant les voyages aériens plus accessibles pour les habitants de l’île. Cependant, cette promesse est accueillie avec prudence par les Mahorais, qui ont souvent vu leurs espoirs déçus par le passé.
Le président du Conseil départemental rappelle que la subvention accordée à Zena Airlines n’a pas pour objectif d’aider systématiquement toutes les compagnies aériennes, mais plutôt de rétablir un équilibre sur le marché et de pousser les grands acteurs comme Air France à assumer leur rôle de transporteur national. « Nous voulons que les compagnies fassent des efforts pour Mayotte », insiste Ben Issa Ousseni.
Nadia RAKOTOARISOA


Laisser un commentaire