
Les pilotes d’Air Austral, représentés par leur syndicat SNPL (Syndicat National des Pilotes de Ligne), ont lancé un cri d’alarme ce 16 octobre 2024, exprimant de vives inquiétudes sur l’avenir de la compagnie aérienne réunionnaise. Dans un communiqué publié ce jour, ils dénoncent un manque de transparence de la direction et pointent du doigt un plan de redressement qu’ils jugent opaque et inefficace.
Une compagnie en crise depuis plusieurs années
Air Austral, compagnie emblématique de La Réunion, traverse une période financièrement difficile depuis plusieurs années. Malgré les sacrifices consentis par ses employés, notamment avec la signature de trois Accords de Performance Collective (APC) qui ont imposé des baisses de salaire, la situation de la compagnie ne s’est pas améliorée. Les pilotes, tout comme les autres salariés, avaient espéré que la direction tiendrait ses promesses et inclurait davantage les employés dans les décisions cruciales pour l’avenir de l’entreprise. Cependant, ils se sentent aujourd’hui écartés des discussions et du processus de redressement.
« Nous souhaitons attirer l’attention de la Région Réunion, de ses actionnaires privés et surtout des Réunionnais sur la situation actuelle de notre belle compagnie », a déclaré Vivien Rousseau, président de la section Air Austral du SNPL. Le syndicat s’inquiète des répercussions possibles pour la compagnie, mais aussi pour la connectivité vitale qu’elle assure entre La Réunion, Mayotte et la Métropole.
Un plan de redressement opaque et des choix stratégiques contestées
Les pilotes critiquent le manque de clarté autour du plan de redressement de la compagnie, mis en place par la direction. Selon eux, ce plan, censé redresser la situation financière d’Air Austral, se fait sans consultation des employés et s’avère contre-productif. Ils dénoncent des décisions stratégiques qui affaiblissent la position de la compagnie sur des liaisons clés, telles que la suppression de la ligne entre Mayotte et Paris, un axe crucial pour la continuité territoriale.
Le SNPL fustige également le refus de la direction d’augmenter les fréquences sur des liaisons très demandées, comme la ligne entre La Réunion et Bangkok, ce qui pourrait pourtant renforcer la position d’Air Austral dans un secteur de plus en plus concurrentiel. « Ces décisions vont à l’encontre de la survie à long terme de la compagnie », affirme le syndicat.
Le rôle controversé du cabinet Aérogestion
L’un des points de discorde majeurs entre les pilotes et la direction concerne l’investissement important fait dans le cabinet de conseil Aérogestion, dirigé par Marc Rochet, ancien dirigeant de compagnies concurrentes d’Air Austral. Les pilotes estiment que cet investissement n’a pas porté ses fruits, en particulier sur la gestion des avions A220, qui restent une source majeure de pertes financières pour la compagnie. « Investir des sommes considérables dans ce cabinet n’a, à ce jour, pas apporté d’économies significatives », critique le SNPL, soulignant que les problèmes financiers liés à ces avions demeurent non résolus.
Des inquiétudes pour l’avenir
Au-delà des enjeux financiers, le syndicat des pilotes met en avant une dégradation progressive du climat social au sein de la compagnie. Depuis plus de deux ans, les rumeurs et incertitudes sur l’avenir de l’entreprise créent une angoisse permanente parmi les employés. Ce contexte, combiné à un manque de dialogue avec la direction, est jugé peu propice à assurer la sécurité et la stabilité des opérations.
Les pilotes expriment également leurs doutes concernant le récent remaniement de la direction. Un nouveau membre a rejoint le Directoire, avec la perspective de prendre la présidence de la compagnie, mais son manque d’expérience à ce poste suscite des inquiétudes quant à sa capacité à redresser Air Austral.
Appel à la transparence et à la concertation
Face à cette situation, les pilotes d’Air Austral demandent à la direction de répondre à leurs questions et de les associer pleinement au processus de restructuration et de développement de la compagnie. Ils réclament plus de transparence et une plus grande concertation, dans l’espoir de sauver une compagnie vitale pour La Réunion et les Outre-mer.
Nadia RAKOTOARISOA


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