Les taxis-BE à Madagascar passent à l’ère numérique

Un changement radical pourrait bientôt transformer le quotidien des passagers des taxis-BE d’Antananarivo. Avec l’introduction d’un système de paiement numérique, le modèle classique de paiement en espèces risque de devenir un souvenir. AIRTEL Money Madagascar, en partenariat avec Carte Passe Partout System (CPP), ouvre la voie à cette transition, qui promet de moderniser le secteur du transport en commun.

Un partenariat stratégique pour moderniser le transport

Le partenariat récemment annoncé vise à digitaliser les transactions dans les taxis-BE, un moyen de transport omniprésent à Antananarivo. Désormais, les passagers pourront payer leur trajet via une carte rechargeable appelée CPP, facilitant ainsi le paiement et réduisant l’utilisation de l’argent liquide.

AIRTEL Money a mis en place un bonus de 5000 Ariary qui sera offert lors de la première recharge de la carte CPP via son application. De plus, les chauffeurs et receveurs bénéficieront de crédits d’appel et d’offres exclusives. Ce projet s’inscrit dans une volonté de rendre le transport plus fluide, sécurisé et accessible.

Une profession menacée

Même si ce projet promet d’améliorer la gestion des paiements, qu’adviendra-t-il des receveurs ? Avec la simplification des transactions, leur rôle pourrait devenir obsolète. Ce changement pose un défi social important, car de nombreux receveurs dépendent de ce travail pour subvenir à leurs besoins. De plus, ni les autorités du secteur ni AIRTEL n’ont encore mentionné l’existence de mesures d’accompagnement ou de reconversion pour ces travailleurs. Une incertitude plane encore, ce qui suscite des interrogations sur la capacité de cette transition à les inclure.

Des défis à relever

Ce paiement numérique peut devenir un atout pour la simplification des transactions et la sécurité des flux financiers. Toutefois, ce changement pourrait également générer de l’exclusion. Certaines catégories de la population, comme les personnes âgées ou défavorisées, n’ont pas toujours accès aux smartphones ou aux services d’argent mobile. Cette initiative risque d’accentuer la fracture numérique entre ceux qui maîtrisent ces outils et ceux qui en sont encore loin. Des efforts de sensibilisation et des solutions alternatives seront donc indispensables pour que la digitalisation ne laisse personne sur le bord de la route.

La sécurité mise en avant

La suppression des paiements en espèces pourrait réduire les vols et agressions dans les taxis-BE, rendant ainsi le transport plus sûr pour les chauffeurs et les passagers. Cette modernisation contribuera à structurer davantage un secteur souvent perçu comme désorganisé et informel. Afin de faciliter la gestion et la planification du transport urbain à l’avenir, le système pourrait également rendre plus facile le suivi des trajets et des flux financiers.

Un modèle inspirant

Cette initiative pourrait inspirer d’autres pays et territoires de l’océan Indien. À Maurice et à La Réunion, où des discussions sur la modernisation du transport sont en cours, le modèle des taxis-BE pourrait devenir une référence. Cependant, le défi d’intégrer une population hétérogène dans cette transition numérique est commun à toute la région. Chaque territoire devra adapter ces solutions à ses propres réalités sociales et économiques.  

Hadjani ANDRIANARINIVO


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