L’intelligence artificielle (IA) est en train de transformer profondément le monde du travail. Automatisation des tâches, bots capables de prendre des décisions, robots surpassant les compétences humaines… autant de scénarios qui suscitent des craintes parmi les travailleurs du monde entier. À Madagascar, ces questions ont été au cœur d’une conférence organisée jeudi dernier par le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD), à l’Olympia Andohatapenaka, portant sur le thème : « L’Intelligence Artificielle : Enjeux humains et perspectives économiques pour l’Afrique et Madagascar ».

Une révolution technologique inévitable

L’intelligence artificielle se fraie progressivement un chemin dans les entreprises malgaches. Bien que son développement soit encore à un stade embryonnaire, il devient de plus en plus évident que l’IA jouera un rôle majeur dans les pratiques commerciales de demain. « Il y a quelques années, intégrer cette technologie dans l’écosystème des entreprises à Madagascar n’était même pas envisageable. Aujourd’hui, elle devient nécessaire au développement des entreprises », a expliqué Michael Rasolomanana, expert en Data science et inclusion financière, lors de son intervention.

IA et emploi : une menace réelle ?

La conférence a mis en lumière un des principaux points de débat autour de l’intelligence artificielle : la menace qu’elle pourrait représenter pour l’emploi. Avec l’automatisation croissante des tâches, beaucoup craignent que les travailleurs humains soient remplacés par des machines. Le terme de « grand remplacement » a même été évoqué pour désigner un avenir où les bots et les robots surpasseraient les humains dans de nombreux domaines. Des secteurs tels que l’hôtellerie, le marketing digital, la communication ou encore l’agriculture sont déjà touchés par cette transition.

Cependant, cette vision pessimiste n’est pas unanime. Pour certains experts présents à la conférence, comme David Roger, président du CJD, l’IA ne doit pas être perçue uniquement comme une menace. « L’IA, en automatisant certaines tâches, interroge sur l’avenir du travail tout en offrant l’opportunité d’augmenter les capacités humaines. Elle doit être utilisée non seulement comme outil d’optimisation économique, mais aussi comme levier pour transformer le tissu économique malgache, en s’appuyant sur les talents locaux », a-t-il déclaré. En d’autres termes, l’intelligence artificielle pourrait permettre aux entreprises malgaches d’améliorer leur productivité tout en offrant aux travailleurs l’opportunité d’acquérir de nouvelles compétences plus pointues.

Un défi pour Madagascar

Pour l’instant, l’IA à Madagascar en est encore à ses débuts. Le Laboratoire d’Intelligence Artificielle à Madagascar estime que cette technologie pourrait jouer un rôle clé dans la quatrième révolution industrielle, qui pourrait potentiellement sortir le pays de la pauvreté et conduire à un développement durable. Toutefois, de nombreux défis restent à relever. Comme l’ont souligné les participants à la conférence, l’intégration de l’IA dans les entreprises nécessite non seulement des investissements financiers, mais aussi un effort de formation pour que la main-d’œuvre locale puisse s’adapter à ces nouvelles technologies.

La Commission Économique pour l’Afrique (CEA) a récemment publié un document affirmant que si les gouvernements africains parviennent à relever les défis que pose l’IA, cette « révolution technologique » pourrait devenir un moteur de croissance, de développement et même de démocratisation pour l’ensemble du continent.

Nadia RAKOTOARISOA