
Le secteur de l’énergie aux Comores traverse une période critique, accentuée par la démission inattendue de Mohamed Djounaid, directeur de la Société Nationale de l’Électricité (SONELEC). Cette décision, survenue dans un contexte de transition énergétique, met en lumière les difficultés structurelles d’une entreprise qui peine à moderniser ses infrastructures. Alors que les Comores affichent des ambitions claires en matière d’énergies renouvelables, le chemin vers l’autonomie énergétique reste semé d’embûches.
Un départ qui suscite des inquiétudes
La démission de Mohamed Djounaid intervient à un moment où la SONELEC doit relever de nombreux défis pour accompagner la transition énergétique du pays. Si les raisons précises de ce départ n’ont pas été rendues publiques, il survient dans un contexte de tension autour de la gestion de l’électricité, un secteur vital pour l’économie comorienne. L’entreprise, déjà fragilisée par des infrastructures obsolètes et une dépendance quasi-totale aux énergies fossiles, se trouve confrontée à des attentes croissantes, tant de la population que des partenaires internationaux.
Certains observateurs y voient le signe d’une crise de gouvernance mal gérée, tandis que d’autres estiment que ce départ pourrait offrir l’opportunité de réformer en profondeur une entreprise qui peine à répondre aux exigences de la modernité. La recherche d’un nouveau directeur, annoncée par la SONELEC, laisse espérer une ouverture à de nouvelles compétences capables de mener à bien cette transition.
Un réseau sous pression
Le réseau électrique comorien est marqué par des défaillances chroniques. Les infrastructures, vieillissantes, ne permettent pas d’assurer une distribution régulière de l’électricité, et l’entretien insuffisant des équipements complique encore davantage la situation. Cette fragilité est aggravée par la dépendance du pays aux énergies fossiles, qui alourdit le coût de production et pèse sur l’économie. À cela s’ajoutent les coûts élevés des projets de modernisation, freinant la progression vers une transition énergétique durable.
Face à ces défis, la SONELEC s’efforce de trouver des solutions durables. La modernisation des infrastructures, la réduction des pertes d’énergie et l’amélioration de l’efficacité du réseau figurent parmi les priorités, mais la route est encore longue.
Des ambitions renouvelables
Le gouvernement comorien a fait de la transition énergétique un axe central de sa politique, en particulier à travers le Plan Comores Emergent (PCE), qui ambitionne de réduire la dépendance aux énergies fossiles. Les énergies renouvelables, notamment le solaire, sont au cœur de cette stratégie. Mais pour concrétiser cette ambition, le pays a besoin de partenaires internationaux solides. La Banque mondiale, le Maroc et les Émirats arabes unis figurent parmi les acteurs prêts à accompagner les Comores dans cette transition. Toutefois, la réussite de ces projets repose sur une mise en œuvre efficace, un suivi rigoureux et la formation de compétences locales pour assurer la maintenance des infrastructures.
Un enjeu de gouvernance
La gouvernance de la SONELEC sera déterminante pour l’avenir énergétique des Comores. L’ouverture d’un appel à candidatures pour remplacer Mohamed Djounaid marque une volonté de renouveler le leadership de l’entreprise. Le futur directeur devra non seulement redresser la gestion interne, mais aussi renforcer la confiance des partenaires internationaux. Le défi est de taille : il s’agit d’assurer la continuité des réformes tout en maintenant la stabilité des projets de transition en cours.
Un leadership solide et transparent sera indispensable pour mener à bien cette transformation. L’amélioration de la gouvernance est essentielle non seulement pour attirer des investissements, mais aussi pour garantir que les réformes énergétiques soient menées à terme. La nomination d’un nouveau directeur devra refléter ces attentes, tant au niveau local qu’international.
S’inspirer des voisins
Les Comores ne sont pas les seules à faire face à ces défis. Madagascar, par exemple, s’est également lancé dans une transition énergétique en misant sur les énergies renouvelables. Cependant, la mise en œuvre de ces projets se heurte souvent à des obstacles similaires : retards dans l’installation des infrastructures, difficultés de financement et gestion inefficace. Les Comores peuvent tirer parti de ces expériences régionales pour éviter les écueils et accélérer leur propre transition.
La coopération régionale pourrait s’avérer cruciale pour réussir cette transformation. En renforçant les liens avec les autres pays de l’océan Indien, les Comores pourraient bénéficier d’un partage de bonnes pratiques et d’une mutualisation des ressources
Hadjani ANDRIANARINIVO


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