
Les Seychelles, pourtant reconnues pour leurs efforts en matière de conservation, sont parmi les nombreux pays qui n’ont pas encore soumis leur Stratégie et Plan d’Action National pour la Biodiversité (SNPA) révisé. Cette soumission, exigée lors de la Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique (CDB) en décembre 2022, vise à aligner les stratégies nationales avec le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal. Alors que la COP16 se tient actuellement à Cali, en Colombie, les discussions autour de ces plans prennent de l’ampleur, avec seulement 18 % des pays membres ayant respecté l’échéance.
Une révision clé demandée lors de la COP15
Lors de la COP15, tenue à Montréal en 2022, des décisions importantes ont été prises pour renforcer la protection de la biodiversité mondiale. Les pays membres, dont les Seychelles, ont été invités à réviser et à mettre à jour leurs SNPA pour répondre aux nouveaux objectifs définis dans le Cadre de Kunming-Montréal. Cette révision vise à améliorer la planification, la surveillance et l’évaluation des stratégies nationales, en utilisant des indicateurs standardisés pour faciliter le suivi des progrès.
Le cadre encourage également les États à participer à des évaluations volontaires par les pairs, une mesure qui renforce la transparence et la coopération internationale dans la mise en œuvre des engagements en matière de biodiversité. L’un des objectifs phares, connu sous le nom de « 30×30 », incite les gouvernements à protéger 30 % des terres et des océans de la planète d’ici 2030.
Les Seychelles et les retards liés au financement
Malgré leur engagement, les Seychelles font face à des défis spécifiques pour la soumission de leur plan révisé. Indira Gamatis, point de contact de la CDB pour les Seychelles, a expliqué que des retards dans l’obtention des fonds du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) ont ralenti le processus d’élaboration du nouveau SNPA. Bien que le financement soit finalement arrivé, le pays n’a pas pu avancer aussi rapidement que prévu dans la consultation et la révision de son plan.
« Les Seychelles sont soutenues par un projet du FEM pour développer leurs objectifs nationaux et leur SNPA. Ce processus inclut une consultation avec l’ensemble de la société, des gouvernements aux communautés locales, pour s’assurer que chaque acteur soit représenté dans ce plan, » a déclaré Gamatis lors d’une interview à Cali. Elle a précisé que les Seychelles ont déjà eu deux SNPA en place, le dernier couvrant la période 2016-2020, aligné sur les objectifs d’Aichi adoptés en 2010.
Un engagement déjà visible pour la conservation
Bien que la soumission officielle du nouveau SNPA ne soit prévue que pour 2024, les Seychelles continuent de jouer un rôle actif dans la conservation de leur biodiversité. En 2020, le pays a déjà dépassé l’objectif « 30×30 », avec environ 32,6 % de ses zones marines et 48 % de ses terres sous protection. Ce chiffre place les Seychelles parmi les leaders mondiaux en matière de protection de la nature.
Cependant, comme l’explique Gamatis, il ne s’agit pas uniquement de désigner des zones protégées : « Nous devons maintenant nous concentrer sur la gestion efficace de ces aires protégées, et nous assurer que les ressources naturelles sont utilisées de manière durable. C’est l’un des aspects que notre SNPA révisé abordera. »
Projets en cours pour le financement et la mise en œuvre
En parallèle, les Seychelles travaillent à la mise en place de leur Plan de Financement de la Biodiversité (BFP), qui vise à assurer un financement durable pour la conservation. Ce plan fait partie d’un projet plus large, soutenu par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le FEM, intitulé « Prioriser la Conservation de la Biodiversité et les Solutions Fondées sur la Nature comme Piliers de l’Économie Bleue des Seychelles. »
Victoria Alis, chef de projet, souligne l’importance de ce projet : « Nous avons déjà sécurisé des fonds pour soutenir la mise en œuvre de notre SNPA, notamment par la réalisation d’une évaluation des besoins financiers en biodiversité. »
Alis est également présente à la COP16 pour approfondir ses connaissances sur le Cadre mondial pour la biodiversité et les exigences en matière de rapport. « Nous travaillons sur des manières innovantes de suivre et de rendre compte des progrès de nos efforts de conservation, » a-t-elle précisé.
Nadia RAKOTOARISOA


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