Le récent refoulement de deux navires comoriens au large de Madagascar a suscité une réaction vive de la part d’Attoumane Allaoui, armateur du bateau Acadie. Lors d’une conférence de presse tenue à Moroni, Allaoui a exprimé son inquiétude quant aux implications économiques et diplomatiques de cette décision des autorités malgaches, soulignant les impacts potentiels pour les relations bilatérales entre les deux îles.

Un incident révélateur de tensions maritimes

Survenu le 16 octobre, l’incident a impliqué un cargo affrété par une société chinoise et le bateau Acadie, qui transportait des passagers vulnérables, dont des patients et des femmes enceintes, en mission humanitaire. Le refus d’accostage à Majunga a ainsi eu des répercussions humanitaires et économiques, Majunga étant un port stratégique pour les échanges entre les Comores et Madagascar. En entravant cet accès, les autorités locales compromettent non seulement le commerce mais aussi la sécurité des passagers, mettant en lumière l’importance d’une coopération maritime accrue.

L’incident pourrait également refléter des tensions de souveraineté et de concurrence dans la gestion des ports régionaux, particulièrement dans le contexte des investissements chinois croissants. Cette situation pourrait conduire à une réévaluation des politiques maritimes entre les deux pays. Il est impératif que les Comores et Madagascar s’entendent pour garantir un accès sûr et stable aux ports, essentiel tant pour le commerce que pour la sécurité des populations.

Les pertes économiques en jeu

Allaoui a souligné les lourdes pertes économiques potentielles pour les Comores. Selon le ministère comorien des Finances, le transport maritime représente environ 15 % du PIB national, témoignant de son rôle vital pour l’économie. L’immobilisation des navires et les retards de livraison pourraient coûter plusieurs millions de dollars, affectant directement les entreprises locales et les consommateurs.

Un impact diplomatique potentiel

Sur le plan diplomatique, Allaoui dénonce une atteinte à la souveraineté des Comores et appelle à une réévaluation des relations avec Madagascar : « Nous avons besoin d’une approche diplomatique qui respecte notre droit d’accéder aux marchés malgaches. » Les autorités comoriennes partagent cette position, craignant que cet incident n’aggrave des relations bilatérales déjà fragiles.

Selon des experts, comme le Dr Ahmed Soubhan, cette réponse malgache est perçue comme une provocation et pourrait affecter les négociations futures. La communauté comorienne à Madagascar a également exprimé son indignation, réclamant des actions pour défendre les droits des citoyens comoriens à l’étranger.

Le refoulement des deux navires comoriens à Majunga dépasse le simple incident maritime. Il révèle des tensions profondes entre les Comores et Madagascar, et souligne l’urgence d’un dialogue constructif pour éviter de nouvelles escalades. Les parties prenantes, qu’elles soient gouvernementales, économiques ou citoyennes, devront s’engager pour garantir des relations maritimes stables et respectueuses.

Fitiavana Céline