
Les petites et moyennes entreprises (PME) de Madagascar vivent des heures sombres. À une conjoncture économique déjà difficile s’ajoute la crise énergétique, marquée par des délestages incessants qui paralysent le pays. Le poids de cette double peine se fait ressentir de manière brutale, menaçant non seulement la viabilité de ces entreprises, mais aussi l’ensemble de l’économie nationale.
L’impact des délestages : une menace pour la survie des PME
Les délestages, désormais quotidiens, perturbent le fonctionnement des entreprises. Pour celles qui ne peuvent se permettre d’investir dans des groupes électrogènes, chaque coupure signifie une interruption totale des opérations. Selon la Banque Centrale de Madagascar, certaines PME voient leur chiffre d’affaires chuter jusqu’à 60 % en période de délestage. Cela se traduit par des commandes non honorées, une perte de clients, et un sentiment général d’incertitude qui pèse lourdement sur le climat des affaires.
Récemment, le directeur général de la Jirama, Ron Weiss, a promis la fin de la crise des délestages dans un délai d’une semaine. Cependant, cette annonce est accueillie avec un scepticisme palpable. La population et les entrepreneurs se souviennent de promesses similaires qui n’ont pas été suivies d’effets concrets. Des manifestations ont même éclaté à Antananarivo pour protester contre les pénuries d’électricité, illustrant la colère et la frustration croissantes des citoyens.
Les coûts de production en hausse : un obstacle insurmontable
En plus des délestages, l’inflation continue de peser sur l’économie malgache. Avec un taux qui atteint 7,8 %, les coûts des matières premières ont grimpé en flèche, augmentant encore les dépenses des entreprises. Pour celles qui utilisent des groupes électrogènes, le prix élevé du carburant s’ajoute aux coûts de production, érodant les marges bénéficiaires. « Les PME subissent des pertes, et il s’agit de pertes doublement pénalisantes », rappelle Aivo Andrianarivelo, gouverneur de la Banque Centrale, soulignant la difficulté de maintenir la rentabilité dans un tel contexte.
Une reprise incertaine pour les entreprises
Malgré ces obstacles, certaines entreprises de taille moyenne gardent l’espoir d’une reprise d’ici la fin de l’année. Les prévisions de la Banque Centrale évoquent une légère croissance possible pour les grandes entreprises, mais les PME et les microentreprises restent prudentes, voire pessimistes. Pour ces dernières, la stabilité semble être le scénario le plus favorable envisagé. L’incertitude est d’autant plus grande que la situation énergétique reste imprévisible.
Mobilisation et solutions attendues
La situation exige des réponses urgentes et innovantes. Si la promesse de la Jirama de résoudre la crise des délestages est tenue, cela pourrait soulager les entreprises à court terme. Cependant, des solutions structurelles sont nécessaires pour assurer une distribution d’énergie fiable et durable. En attendant, les entrepreneurs malgaches redoublent d’efforts pour naviguer dans ces eaux troubles, mais beaucoup craignent des séquelles économiques durables.
Dans ce contexte tendu, l’ingéniosité et la résilience des acteurs économiques malgaches sont mises à l’épreuve, alors que le pays espère un miracle énergétique pour sortir de l’impasse.
Nadia Rakotoarisoa


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