Mwali : L’éducation en crise entre fermetures d’écoles et classes surchargées

À Mwali, l’année scolaire 2024-2025 démarre sous une tension palpable. Des fermetures d’écoles non autorisées aux établissements publics saturés, l’enseignement de l’île se heurte à des défis qui mettent à mal la qualité de l’apprentissage. Tandis que parents, élèves et autorités cherchent à faire face, une question se pose : comment garantir un accès digne à l’éducation sur cette île, sans sombrer dans la débâcle ?

Un nettoyage administratif aux lourdes conséquences

Tout a commencé le 28 octobre, lorsque l’Office régional des examens et concours (Orec) de Mwali a dégainé une décision brutale : sept écoles privées se sont vues interdire de présenter leurs élèves aux examens nationaux. Cette sanction s’inscrit dans le sillage d’une liste, publiée par le ministère de l’Éducation nationale, précisant quels établissements seraient autorisés pour l’année 2024-2025. Résultat : dix écoles exclues de l’écosystème éducatif.

La volonté gouvernementale de faire le ménage dans le secteur est claire : seules les écoles conformes aux normes légales survivront. Mais la réalité est bien plus complexe. Pour les parents, cette purge signifie une réorganisation d’urgence de l’éducation de leurs enfants. Et pour les élèves, c’est une incertitude quant à leur avenir, surtout lorsque leurs établissements comme Ecochad de Siry Zourdani ou Moili Éveillé de Djoiezi ne sont plus en mesure de les inscrire aux examens.

Surchargés jusqu’à l’asphyxie

Les établissements publics, déjà à bout de souffle, doivent maintenant absorber cette vague d’élèves « déplacés ». Le collège rural de Fomboni, qui comptait 408 élèves, en recense désormais plus de 500. Avec 13 salles pour 15 classes, on frôle la catastrophe. L’administration a dû instaurer un système de rotation des classes, une solution d’urgence qui ressemble davantage à une rustine qu’à un remède.

Quant à l’école primaire de Mbwangoma, la situation atteint un comble : certaines classes de CP accueillent jusqu’à 80 élèves, un record. Les parents, loin de rester passifs, ont pris les choses en main. Chaises apportées de la maison, mobilisation citoyenne… Une initiative qui, si elle est admirable, en dit long sur la détresse du système.

Déni ou malentendu ?

Du côté des écoles privées exclues, la stupeur règne. Le directeur de Moili Éveillé assure que ses documents d’ouverture sont en règle. D’autres responsables évoquent des problèmes administratifs de patente, qui, selon eux, ont déjà été réglés. Pourtant, le couperet est tombé, et l’incompréhension persiste. Ahmad Saïd, coordinateur de l’Inspection générale de l’éducation nationale, recommande de s’en tenir aux écoles autorisées, même si celles-ci ploient sous le nombre.

La confusion est totale, et les familles se retrouvent prises en otage. Celles qui choisissent de maintenir leurs enfants dans des écoles non reconnues savent que ces établissements ne pourront pas les inscrire aux examens officiels. Une menace lourde de conséquences : diplômes non valables, portes fermées dans les administrations publiques.

L’engagement communautaire face à l’indifférence ?

Alors que le président du conseil d’école de Mbwangoma, Saïd Ali Soilih, tire la sonnette d’alarme, l’appel au secours se fait de plus en plus pressant. « Nos enfants méritent de meilleures conditions, des salles bien aérées, des classes moins denses », plaide-t-il. Mais ce cri résonnera-t-il auprès d’un gouvernement et de bailleurs de fonds souvent sourds aux préoccupations de l’éducation insulaire ?

En attendant des réponses concrètes, ce sont les élèves de Mwali qui, jour après jour, voient leur avenir hypothéqué par des décisions administratives dont l’impact semble dépasser de loin les intentions initiales. Quant aux solutions structurelles, elles restent, pour l’instant, un vœu pieux dans un système qui tangue dangereusement.

Nadia RAKOTOARISOA


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