
L’île de Ndzuani, aux Comores, se dote d’une solution sanitaire innovante visant à répondre aux défis d’hygiène, de santé publique et de protection de l’environnement. Porté par un partenariat entre l’Unicef et l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), ce projet ambitionne de transformer les pratiques locales en matière d’assainissement. Retour sur une initiative prometteuse, à la croisée des enjeux sanitaires et écologiques.
Un tournant dans les pratiques sanitaires
À Ndzuani, les toilettes traditionnelles, encore très répandues dans les zones rurales et urbaines, posent de graves problèmes de santé publique. Ces installations rudimentaires favorisent la propagation de maladies comme la diarrhée, le choléra ou les infections parasitaires, contribuant à un taux de mortalité infantile préoccupant.
« Les toilettes traditionnelles affectent gravement la santé des habitants et polluent les écosystèmes. Les nappes phréatiques, les cours d’eau et même les océans sont contaminés, mettant en danger nos ressources vitales », explique Abdillah Saïd, directeur régional du programme Eau, Hygiène et Assainissement (EHA).
Pour remédier à cette situation, un atelier pratique et théorique a rassemblé une vingtaine de participants : techniciens, chefs de village et membres de la société civile. Ils y ont appris à concevoir, installer et entretenir des toilettes améliorées, adaptées au contexte local. Ces nouvelles installations, conçues pour consommer moins d’eau et réduire les risques de pollution, pourraient transformer durablement les pratiques sanitaires de l’île.
Des impacts majeurs sur la santé et l’environnement
L’amélioration des infrastructures sanitaires constitue une réponse essentielle aux défis auxquels fait face Ndzuani. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 60 % des maladies diarrhéiques dans les pays en développement sont imputables à un assainissement insuffisant. Les nouvelles installations sanitaires pourraient ainsi contribuer à réduire significativement ces pathologies, notamment chez les enfants de moins de cinq ans, particulièrement vulnérables.
Sur le plan environnemental, ces toilettes innovantes intègrent des technologies qui minimisent la contamination des sols et des eaux. Les participants à la formation ont notamment appris à utiliser des fosses septiques hermétiques et à mettre en place des systèmes de traitement des déchets humains respectant les normes d’hygiène.
Pour un responsable local ayant participé à la formation, l’initiative représente une véritable révolution : « Nous disposons enfin de solutions durables pour protéger nos ressources en eau tout en préservant la santé et la dignité des habitants. »
Accessibilité financière et soutien local
Avec un coût d’installation adapté aux foyers modestes, ces toilettes présentent l’avantage d’être accessibles économiquement, tout en offrant une durabilité accrue. Des subventions et des appuis techniques sont également prévus pour encourager leur adoption dans les zones les plus reculées.
Ce modèle économique, combiné à une stratégie d’accompagnement communautaire, vise à garantir l’appropriation des équipements par les populations locales. Des campagnes d’information et de sensibilisation à l’échelle des villages seront organisées pour inciter un maximum de foyers à adopter ces nouvelles installations.
Un exemple de coopération internationale réussie
Le succès de ce projet repose sur une synergie exemplaire entre acteurs locaux et partenaires internationaux. L’Unicef, fort de son expertise en santé publique, a apporté un appui logistique et technique. De son côté, la JICA a partagé des solutions éprouvées issues de modèles asiatiques, en les adaptant aux réalités comoriennes.
« Ce programme est le deuxième du genre à Ndzuani, mais il s’inscrit dans une vision à long terme pour l’ensemble de l’archipel », précise Abdillah Saïd.
Outre les techniciens formés, les communautés locales bénéficieront directement des retombées de cette initiative, grâce à des actions de sensibilisation et à l’implication des acteurs de terrain.
Ndzuani ouvre ainsi la voie à une amélioration durable des conditions sanitaires et environnementales, un modèle inspirant pour le reste de l’archipel.
Fitiavana HARISOA


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