Madagascar: L’entrepreneuriat, un levier pour l’avenir des jeunes Malgaches

Le projet « Ankizy Hihary », une initiative du ministère de l’Éducation nationale et du Programme national Fihariana, marque un tournant majeur dans l’éducation secondaire à Madagascar. En introduisant l’initiation à l’entrepreneuriat dans les classes de collège, cette démarche innovante vise à préparer les jeunes générations à devenir des acteurs clés du développement économique et social de leur pays.

Une éducation tournée vers l’avenir

Avec près de 70% de la population malgache ayant moins de 25 ans, Madagascar dispose d’un potentiel humain immense. Toutefois, la majorité des jeunes font face à des défis majeurs tels que le chômage et le manque de perspectives économiques. Conscient de cette réalité, le gouvernement a conçu « Ankizy Hihary », qui signifie littéralement « enfants créateurs ». Ce programme ambitionne de semer les graines de l’entrepreneuriat dès le plus jeune âge, dans les classes de 6e à 3e. Selon la Première Dame Mialy Rajoelina, marraine du projet, l’objectif est double : « Former des citoyens responsables et développer une culture entrepreneuriale solide chez les jeunes, pour qu’ils puissent contribuer activement à la transformation de Madagascar. » Ces paroles illustrent bien l’ampleur du défi : il ne s’agit pas seulement de transmettre des compétences techniques, mais aussi d’instiller des valeurs fondamentales telles que la citoyenneté et le civisme. En cette année scolaire, vingt-trois collèges d’enseignement général (CEG), répartis sur l’ensemble des régions, testent le programme dans sa phase pilote. À terme, ce projet ambitionne de s’étendre à 1 840 CEG d’ici trois ans, avec une couverture nationale complète prévue dans cinq ans.

Un programme sur mesure et adapté aux réalités régionales

L’un des aspects les plus novateurs d’« Ankizy Hihary » est son approche régionalisée. Comme l’a souligné la ministre de l’Éducation nationale, le Dr Marie Michelle Sahondrarimalala, « La formation prendra en compte les spécificités économiques et culturelles de chaque région. » Par exemple, les élèves des régions côtières pourront se former sur des thématiques liées à la pêche et à l’écotourisme, tandis que ceux des Hautes Terres se concentreront sur l’agriculture et l’artisanat.

Le contenu pédagogique du programme s’articule autour de quatre volets principaux. Il vise tout d’abord le développement personnel, en renforçant la confiance en soi et les compétences interpersonnelles des élèves. Ensuite, il met l’accent sur la culture entrepreneuriale, en sensibilisant les jeunes aux opportunités économiques locales. Par ailleurs, le volet civisme et citoyenneté vise à inculquer des valeurs de responsabilité sociale et environnementale. Enfin, les élèves acquerront des compétences pratiques, notamment en gestion de projets, marketing et finance, leur offrant ainsi des outils concrets pour entreprendre. 

Un autre axe clé est l’introduction d’un parcours éducatif complémentaire intitulé « Parcours développement entrepreneurial et développement local », destiné aux élèves ayant échoué à l’examen du CEPE (Certificat d’Études Primaires Élémentaires). Cette mesure vise à offrir une seconde chance à ces jeunes souvent marginalisés, en leur permettant de développer des compétences directement exploitables dans leur environnement immédiat.

Un impact prometteur pour Madagascar

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon une étude menée par le Programme national Fihariana, 85% des jeunes ayant suivi une formation entrepreneuriale ont exprimé une plus grande confiance en leur avenir économique. Si ce programme atteint ses objectifs, il pourrait transformer des milliers de jeunes en entrepreneurs compétents, capables de créer des emplois et de contribuer au développement économique local.

« Ce programme est une réponse directe aux défis du chômage des jeunes », explique Hery Andrianarivo, expert en développement économique. « En les formant dès le collège, on leur donne non seulement des outils, mais aussi une vision pour construire un avenir durable. » Cependant, des défis subsistent. L’efficacité du programme dépendra en grande partie de la formation des enseignants et des moyens alloués. « Il est crucial que les enseignants soient bien formés pour transmettre ces compétences entrepreneuriales de manière efficace », insiste le Dr Sahondrarimalala.

Vers un nouveau paradigme éducatif

« Ankizy Hihary » n’est pas qu’un simple projet d’éducation. Il reflète une vision ambitieuse pour Madagascar : transformer son système éducatif en un outil de développement national. En promouvant l’esprit d’entreprise, le gouvernement s’attaque directement aux racines de la pauvreté et prépare une génération capable de relever les défis du XXIe siècle.

Si ce programme réussit, il pourrait devenir un modèle pour d’autres pays en développement confrontés aux mêmes problématiques. Pour les jeunes Malgaches, il représente une opportunité inédite de construire un avenir meilleur, tant pour eux-mêmes que pour leur pays. Madagascar, riche de son capital humain, amorce ainsi une révolution silencieuse, où chaque enfant a la chance de devenir un acteur du changement. L’avenir est en marche, porté par ces « enfants créateurs » qui redéfiniront demain.

Fitiavana HARISOA


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