La Réunion : Le marché immobilier sous tension entre chute des transactions et flambée des prix

Depuis fin 2022, le marché immobilier à La Réunion traverse une période de turbulences. Le volume des transactions a chuté de 25 % d’après la chambre des notaires, une tendance préoccupante qui n’a pourtant pas freiné la hausse des prix. Cet équilibre fragile reflète des dynamiques complexes où les acheteurs et investisseurs peinent à trouver un terrain d’entente.

Des transactions en recul historique : une tendance alarmante

Le dernier rapport de la chambre des notaires met en lumière un recul significatif du nombre de transactions immobilières à La Réunion. Entre fin 2022 et mi-2024, ce volume a baissé de 25 %, un chiffre qui suscite des inquiétudes. Nency Leung-Yen-Fond-Giraud, présidente de la chambre des notaires, qualifie cette situation de « préoccupante », soulignant qu’il s’agit de la troisième année consécutive de baisse.

Les données de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) corroborent cette observation. À fin septembre 2024, les ventes dans l’ancien ont reculé de 19,7 % en un an, atteignant des niveaux inférieurs à ceux de la période pré-Covid. Ce déclin est aggravé par la stagnation des crédits immobiliers entre juin et septembre 2024, une stagnation qui freine la reprise de l’investissement résidentiel.

Cette contraction du marché s’explique par plusieurs facteurs. D’une part, la hausse des taux d’intérêt a rendu les crédits immobiliers moins accessibles, réduisant ainsi la capacité des ménages à emprunter. D’autre part, le resserrement des conditions d’octroi de prêts décourage certains investisseurs potentiels.

Des prix qui résistent, un défi pour les acheteurs

Contrairement aux attentes, la chute des transactions n’a pas entraîné une baisse des prix. Les appartements anciens et neufs continuent de voir leurs tarifs augmenter, bien que de manière plus modérée qu’en 2022. Selon la chambre des notaires, les prix des maisons anciennes, quant à eux, se sont stabilisés sur un an.

Cette résilience des prix reflète un déséquilibre persistant entre l’offre et la demande. L’île, marquée par une forte pression démographique et un espace limité pour la construction, voit son marché contraint par un manque de nouvelles constructions. Cette pénurie, combinée à une demande toujours présente, maintient les prix à un niveau élevé malgré la diminution des transactions.

Un appartement ancien à La Réunion coûte en moyenne 2 900 €/m², un chiffre en hausse de 3 % sur un an. Dans le neuf, les prix dépassent souvent les 3 500 €/m², rendant l’achat difficile pour de nombreux ménages. Les maisons anciennes, qui représentent une grande partie des transactions, affichent un prix moyen de 250 000 €, un niveau stable mais toujours élevé pour l’acquéreur moyen.

Les professionnels de l’immobilier, comme les notaires et les agents, expriment leur inquiétude face à cette situation. « La baisse des transactions est un signal d’alerte. Si les prix continuent à augmenter malgré la diminution de la demande, nous risquons de voir se creuser davantage l’écart entre les ménages qui peuvent acheter et ceux qui restent exclus du marché », avertit un agent immobilier de Saint-Denis.

Malgré une chute significative des transactions, le marché immobilier réunionnais reste caractérisé par des prix élevés et une offre limitée. Dans ce contexte, les ménages et les investisseurs attendent des solutions concrètes pour revitaliser un secteur essentiel à la dynamique économique de l’île. La mobilisation des acteurs publics et privés sera déterminante pour réconcilier les aspirations des acheteurs et les réalités du marché.

Fitiavana HARISOA


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