Seychelles : les champignons mycorhiziens, alliés méconnus des écosystèmes

La Seychelles Islands Foundation (SIF) mène actuellement une étude novatrice sur les champignons mycorhiziens dans deux sites emblématiques des Seychelles classés au patrimoine mondial de l’UNESCO : l’atoll d’Aldabra et la Vallée de Mai. Cette recherche vise à mieux comprendre comment ces champignons essentiels influencent les cycles de nutriments dans les sols pauvres des îles.

Une symbiose vitale pour des écosystèmes uniques

Les champignons mycorhiziens, en établissant des partenariats avec les racines des plantes, jouent un rôle crucial dans l’absorption des nutriments du sol. En échange, les plantes fournissent aux champignons des sucres nécessaires à leur survie. Cette interaction est particulièrement importante aux Seychelles, où les sols sont généralement pauvres en nutriments, explique Laura Montano, responsable scientifique à la SIF.

À Aldabra, l’un des plus grands atolls coralliens du monde, les mangroves prospèrent grâce à une variété de sources de nutriments, notamment celles provenant des oiseaux marins. Cependant, la disponibilité de ces nutriments varie d’une zone à l’autre. L’étude compare donc la présence et la diversité des champignons mycorhiziens dans des zones à forte et faible activité d’oiseaux afin de mieux comprendre leur rôle dans la nutrition des mangroves.

Dans la Vallée de Mai, célèbre pour abriter les majestueux coco de mer – les palmiers produisant les plus grosses graines du monde –, l’étude s’intéresse à l’impact des champignons mycorhiziens sur la croissance et la reproduction de ces arbres emblématiques. Les échantillons sont prélevés dans des zones de densité variable de coco de mer pour évaluer leur influence sur l’absorption des nutriments.

Une méthodologie rigoureuse pour des résultats précis

Les échantillons de sol et de racines ont été collectés à l’aide de méthodes systématiques, notamment des transects et des quadrats. Ces techniques permettent une analyse organisée des interactions entre le sol et les racines. Après leur collecte, les échantillons sont séchés et congelés en vue de leur analyse.

La prochaine étape consistera à extraire l’ADN des échantillons en collaboration avec le laboratoire de santé publique des Seychelles. Le séquençage sera ensuite réalisé par le Scripps Research Laboratory, basé à San Diego, aux États-Unis. Grâce à ces analyses, les chercheurs pourront identifier les espèces de champignons présents et préciser leur rôle dans les écosystèmes locaux.

Un projet soutenu par des experts du sous-sol

Ce projet, soutenu par une subvention de 10 000 $ de la Society for the Protection of Underground Networks (SPUN), pourrait transformer les pratiques de conservation aux Seychelles. Par exemple, les résultats de l’étude pourraient orienter le programme de régénération des coco de mer en identifiant les meilleures zones pour planter les graines.

Nadia RAKOTOARISOA


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