
À Mayotte, l’approvisionnement en eau potable reste un défi majeur. La consommation quotidienne de la population s’élève à environ 45.000 m³, alors que la production peine encore à atteindre 40.000 m³ par jour. Ce déséquilibre, aggravé par une dépendance excessive aux précipitations, met en lumière l’urgence de solutions durables pour répondre aux besoins croissants des habitants de l’île.
Les forages : un renfort progressif mais limité
Pour réduire cet écart, des efforts s’intensifient grâce à la mise en service progressive de nouveaux forages. Le forage de Coconi 1, par exemple, a déjà permis d’ajouter 200 m³ par jour au réseau d’approvisionnement. Plus récemment, Coconi2bis est entré en production avec une capacité similaire, autorisée pour une période initiale de six mois renouvelables.
Ces eaux, soumises à des expertises rigoureuses validées par l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Mayotte, passent par un processus de désinfection par chloration avant d’être distribuées depuis le réservoir d’Ongoujou. Par ailleurs, le forage de Combani, prévu pour les semaines à venir, pourrait contribuer jusqu’à 900 m³/j supplémentaires. Bien que ces ajouts soient modestes, ils représentent une avancée dans l’attente de solutions plus ambitieuses.
L’usine de dessalement : l’espoir d’une solution pérenne
La construction de l’usine de dessalement d’Ironi Be constitue une étape clé pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable à moyen terme. Avec une capacité initiale de 5.000 m³/j, extensible à 10.000 m³/j, cette installation pourrait marquer la fin des tours d’eau récurrents dès 2026, selon le préfet Thierry Suquet.
Cependant, le projet n’est pas exempt de critiques. Certains craignent une détérioration de l’environnement, bien que le préfet ait assuré que toutes les précautions nécessaires seront prises, conformément aux recommandations de l’Inspection Générale de l’Environnement et du Développement Durable. Le Parc Naturel Marin (PNM), après analyse, a également donné un avis favorable au projet.
Des défis persistants et des solutions complémentaires
Malgré les avancées, les défis restent nombreux. Les retenues collinaires, essentielles pour le stockage de l’eau de pluie, affichent des niveaux préoccupants : seulement 29 % pour celle de Dzoumogne et 23 % pour Combani. Leur recharge dépend entièrement des précipitations, rendant leur gestion particulièrement fragile.
Face à cette situation, des solutions complémentaires sont envisagées, telles que la construction d’une troisième retenue et la multiplication des forages. Ces initiatives, associées à l’usine de dessalement, visent à établir un équilibre durable entre production et consommation.
Nadia RAKOTOARISOA


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