La Réunion : François Bayrou : en quête d’un gouvernement pour surmonter l’impasse budgétaire

La nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre intervient dans un contexte politique et économique tendu. Avec le rejet du budget 2024 par une motion de censure et l’absence d’une majorité claire, le chef du gouvernement doit naviguer sur un chemin étroit. Entre consultations politiques et formation de son équipe, il cherche à poser les bases d’une gouvernance capable de relever les défis immédiats, notamment l’urgence budgétaire.

Un Premier ministre face à une mission délicate

François Bayrou, leader du MoDem et allié de longue date d’Emmanuel Macron, a été choisi pour remplacer Michel Barnier à Matignon. Dès sa nomination, il a affirmé son ambition d’être un “Premier ministre de plein exercice”, travaillant en complémentarité avec le président, tout en revendiquant une certaine autonomie. Toutefois, il s’est engagé à respecter les prérogatives présidentielles, notamment sur les postes régaliens.

La tâche qui l’attend est immense : faire adopter un budget dans un contexte où les forces politiques sont profondément divisées et où la stabilité économique du pays est en jeu.

Des consultations pour mesurer les soutiens

Dans une démarche visant à élargir sa base politique, François Bayrou a entamé une série de consultations avec les chefs de groupe parlementaires, reçus selon leur poids à l’Assemblée nationale. Ces discussions visaient à sonder les intentions des différents partis face à la situation politique actuelle.

Le Rassemblement national (RN) a été représenté par Marine Le Pen et Jordan Bardella. Tout en critiquant ce qu’ils ont qualifié de “coalition des contraires”, ils ont choisi de ne pas s’engager immédiatement sur une motion de censure. Cette position témoigne d’une certaine prudence stratégique, malgré leur opposition affichée.

Gabriel Attal, chef de file des députés macronistes et président du parti Renaissance, a réaffirmé un soutien total au Premier ministre. Ce soutien de l’Ensemble pour la République (EPR) constitue un pilier essentiel pour François Bayrou, même si cette alliance ne garantit pas une majorité absolue.

Du côté du Parti socialiste (PS), Boris Vallaud et Patrick Kanner ont exprimé leur ouverture à des discussions sur des thèmes spécifiques tels que les retraites ou la taxation des hauts revenus. Toutefois, ils ont exclu toute participation directe au gouvernement, préférant adopter une posture de dialogue sur certains points d’intérêt commun.

Laurent Wauquiez, représentant de la Droite républicaine (DR) et du parti Les Républicains (LR), a conditionné tout éventuel soutien à la présentation d’un projet clair et cohérent. Cette position laisse entrevoir une potentielle collaboration, bien que soumise à des exigences précises.

Enfin, La France insoumise (LFI) a refusé de participer à ces consultations. Fidèle à sa ligne radicale, le mouvement, par la voix de Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé une “comédie” politique et réaffirmé son engagement en faveur d’une motion de censure.

La formation d’un gouvernement resserré

Parallèlement, François Bayrou finalise la composition de son équipe, qu’il souhaite restreinte et composée de personnalités expérimentées. Il doit toutefois naviguer entre les attentes de ses alliés et les lignes rouges des différents partis.

Certains noms circulent pour les postes clés : Laurent Saint-Martin, ancien ministre du Budget, Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, ou encore Roland Lescure, ancien ministre de l’Industrie, pourraient intégrer Bercy. Cependant, le maintien de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, malgré son rôle clivant, divise la majorité et suscite des critiques, notamment sur son projet de réforme de l’immigration.

Un budget au cœur de l’urgence

Le rejet du budget 2024 a plongé le gouvernement dans une situation critique. L’absence de budget adopté dans les délais a contraint François Bayrou à porter un projet de loi spéciale pour assurer la continuité de l’État. Les agences de notation, déjà préoccupées par l’aggravation du déficit public, surveillent de près l’évolution de la situation.

Afin de préparer ce défi, François Bayrou a multiplié les échanges avec des figures majeures comme François Villeroyde Galhau, gouverneur de la Banque de France, ou Pierre Moscovici. Ces discussions visent à bâtir une stratégie économique solide, capable de rassurer les investisseurs et de répondre aux besoins urgents du pays.

Nadia RAKOTOARISOA


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