Mayotte : Bidonvilles à Mamoudzou : une menace qui coûte des vies, selon le maire

Face au passage dévastateur du cyclone Chido, Ambdilwahedou Soumaila, maire de Mamoudzou, a rapidement pris les rênes de la situation en mettant en place une gestion de crise exemplaire. Il réclame désormais des mesures concrètes pour éviter que de tels drames se répètent, notamment en criminalisant la construction des bidonvilles.

Un territoire en état de choc

Le cyclone Chido, qualifié de « monstre », a laissé l’île de Mayotte dans un état de désolation. Mamoudzou, la capitale, a été particulièrement touchée, avec des toitures arrachées, des infrastructures endommagées, et des familles endeuillées. Face à cette situation dramatique, le maire Ambdilwahedou Soumaila a réagi sans attendre : « Nous avons pris nos responsabilités », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

Dès le mercredi précédant la catastrophe, une cellule de crise était installée dans la salle Abdallah Houmadi. « Il y a eu l’amont, le jour J, et l’après-crise dès le samedi après-midi », précise le maire, insistant sur la rapidité de la réponse municipale.

Une mobilisation sans précédent

Pour répondre aux nombreux défis posés par le passage du cyclone Chido, la municipalité de Mamoudzou a rapidement organisé une gestion de crise en créant 20 sous-cellules thématiques. Ces cellules sont chacune chargées d’un aspect spécifique de l’intervention, permettant une action coordonnée et efficace.

L’une des priorités a été l’hébergement d’urgence. À cet effet, 22 établissements scolaires ont été réquisitionnés, offrant un refuge à 3 500 sinistrés. Ces centres, essentiels dans les premiers jours après la catastrophe, ont également permis de structurer la distribution des aides.

En matière de ravitaillement, la municipalité a mis en place une logistique impressionnante. Chaque jour, 20 000 repas et 30 000 bouteilles d’eau sont distribués pour répondre aux besoins des populations affectées. Des points de distribution ont été établis à travers la commune pour garantir l’accès à ces ressources vitales.

Le soutien psychologique a également été une priorité. Face à l’intensité de la crise, 300 agents municipaux se sont mobilisés sans relâche, souvent au détriment de leur propre bien-être et de celui de leur famille. Des dispositifs d’écoute et d’accompagnement ont été instaurés pour ces personnels en première ligne.

Enfin, la municipalité a lancé un appel aux volontaires pour renforcer ses efforts. Dès les premiers jours, une centaine de personnes ont répondu à cet appel, mais les besoins restent importants. « Nous avons besoin de renforts pour distribuer l’eau », a insisté le maire Ambdilwahedou Soumaila, soulignant l’ampleur des défis logistiques auxquels la commune doit faire face.

Un défi logistique colossal

Les premières heures après le passage de Chido ont été marquées par des difficultés de communication avec le Centre opérationnel départemental (COD) de Petite-Terre. Malgré cela, le maire et son équipe ont élaboré un Plan Communal de Secours pour pallier les lacunes.

Des points de distribution ont été ouverts dans 20 villages, de Kawéni à Tsoundzou II. « Nous priorisons les centres d’hébergement et les personnes vulnérables », a expliqué le maire, tout en rappelant les délais nécessaires pour acheminer les ressources par bateau et organiser leur distribution.

Reconstruire autrement

Alors que les dégâts matériels et humains continuent d’être évalués, la municipalité se tourne vers l’avenir. La moitié des écoles de Mamoudzou a subi d’importants dégâts, retardant les travaux de réparation jusqu’à mi-janvier. En attendant, la commune demande la mise en place d’hébergements de campagne pour loger les sinistrés encore sans abri.

Mais pour le maire, la reconstruction ne doit pas se limiter aux infrastructures. « Lors du dernier conseil municipal, nous avons demandé à l’unanimité que la construction de bidonvilles devienne une infraction », a-t-il déclaré. Ces habitats précaires, souvent construits en tôle, ont transformé certains quartiers en cimetières. « Si on laisse faire, nous serons comptables des morts à venir. »

Solidarité et responsabilité

Pour soutenir les efforts de reconstruction, les élus municipaux ont fait don de leurs indemnités. La mairie coordonne également la réception et la distribution des dons venus de particuliers et d’organisations solidaires.

Cependant, un sentiment d’abandon et d’impatience gagne la population. « Cette catastrophe nous ramène 10 à 15 ans en arrière. Il faut désormais reconstruire autrement, avec des infrastructures adaptées et une meilleure anticipation des risques », a conclu le maire.

Nadia RAKOTOARISOA


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