
Dans l’océan Indien, Maurice et Madagascar sont confrontées à des défis similaires pour assurer des conditions salariales équitables à leurs travailleurs. Entre revendications syndicales à Maurice et ajustements négociés à Madagascar, les approches diffèrent, mais la question d’une rémunération juste reste fondamentale.
Une lutte pour l’équité salariale à Maurice
Lors d’une conférence de presse en cette fin d’année 2024, la Confédération des Travailleurs des Secteurs privé et Public (CTSP) a formulé des demandes claires : une compensation salariale de Rs 610 appliquée « across the board » à tous les salariés et une augmentation du salaire minimum garanti à Rs20 610. Ces propositions visent à éviter une inégalité structurelle où les travailleurs les moins rémunérés risquent de ne pas bénéficier pleinement des ajustements.
La CTSP critique également l’immobilisme du gouvernement sur des réformes attendues depuis longtemps, comme la classification des métiers et la protection des travailleurs du secteur des services, employés chez les dentistes ou dans les salons de coiffure. L’année 2025 s’annonce chargée pour les syndicats, avec des revendications allant de la réglementation des caméras de surveillance sur les lieux de travail à la mise en place d’une semaine de travail de 40 heures.
Des ajustements sous contraintes pour Madagascar
De l’autre côté de l’océan Indien, Madagascar a opté pour une révision des salaires minimums dans le secteur privé. En mars 2024, une augmentation de 10 % a été approuvée par le Conseil des ministres, portant le salaire minimum d’embauche à 262 680 ariary dans le secteur non agricole et à 266 500 ariary dans le secteur agricole. Ces ajustements, résultant d’un protocole d’accord entre employeurs et syndicats, visent à compenser l’inflation galopante.
Cependant, des obstacles persistent. De nombreux employeurs hésitent à appliquer les nouveaux barèmes, citant des difficultés économiques exacerbées par des coupures d’électricité récurrentes. Selon des syndicalistes comme Rémi Botoudi, « plusieurs employés sont encore payés en dessous de l’ancien salaire minimal ». Le suivi de ces augmentations repose largement sur les signalements des travailleurs, mettant en évidence un manque de surveillance systématique.
Des chemins différents mais des défis communs
Si Maurice se focalise sur des revendications salariales globales et des réformes légales, Madagascar préfère une approche graduelle par catégorie. Cependant, les deux îles partagent des problèmes similaires : l’inégalité des revenus et la vulnérabilité des travailleurs face à des systèmes de protection sociale limités. Dans les deux cas, l’absence d’une application rigoureuse des mesures adoptées freine les progrès.
Une réflexion pour l’océan Indien
Ces situations révèlent des enjeux régionaux plus larges. Dans une situation où le coût de la vie ne cesse d’augmenter, les revendications des travailleurs de Maurice et Madagascar résonnent au-delà de leurs frontières. Une collaboration accrue entre les îles pourrait être une solution pour échanger sur les bonnes pratiques et renforcer les droits des travailleurs dans toute la région.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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