Couverture équitable de la campagne électorale : Aboubacar Boina insiste sur la nécessité d’une médiatisation translucide

Les élections législatives approchent à grands pas aux Comores, et la campagne électorale bat son plein. Dans ce contexte, la question de la couverture médiatique, qu’elle soit télévisée, radiophonique ou écrite, revêt une importance capitale. Le président du Conseil National de la Presse et de l’Audiovisuel (Cnpa), Aboubacar Boina, insiste sur la nécessité de garantir une couverture médiatique équitable et transparente pour tous les candidats. Cette initiative vise à assurer une compétition saine et à respecter les principes d’équité, notamment face au nombre élevé de candidats en lice.

Le défi de la pluralité dans un contexte de multiplicité des candidats

Avec la multiplication des candidatures, les médias se retrouvent confrontés à un défi majeur : garantir une couverture équilibrée sans favoriser un candidat au détriment des autres. Actuellement, plus de 100 candidats se disputent les sièges des députés, un nombre impressionnant qui soulève des inquiétudes quant à la visibilité de chaque candidat. Le président du Cnpa, Aboubacar Boina, souligne que le nombre élevé de prétendants ne peut en aucun cas justifier des déséquilibres dans la couverture médiatique. Selon lui, « le nombre élevé de candidats ne peut pas servir d’excuse pour négliger les principes d’équité. »

En réponse à cette situation, le Cnpa a mis en place des règles claires. Chaque candidat a droit à une période spécifique pour s’exprimer dans les médias publics. Cela concerne notamment les radios et télévisions d’État, où les temps de parole sont strictement régulés. Les représentants des partis politiques, ainsi que les candidats indépendants, doivent pouvoir bénéficier d’un accès équitable aux espaces médiatiques pour faire connaître leurs programmes.

Les données recueillies sur le terrain montrent que, pour l’instant, l’application de ces règles reste partiellement respectée. Sur 50 heures de diffusion accordées aux candidats dans les médias publics, environ 30% ont été utilisées par les partis les plus populaires, laissant une petite marge aux autres. Aboubacar Boina et son équipe tentent d’ajuster cette répartition afin de garantir une plus grande égalité.

Un appel à la responsabilité des journalistes et des médias comoriens

Les journalistes, qu’ils soient issus de la presse écrite ou audiovisuelle, ont également un rôle crucial à jouer. Aboubacar Boina insiste sur le fait que la responsabilité de maintenir un équilibre dans la couverture repose autant sur les autorités du Cnpa que sur les professionnels des médias. « Nous saluons la pluralité des médias, surtout celle de la presse écrite, qui respecte l’article 11 de cette délibération. Cet article stipule que les candidats officiellement retenus à concourir ont droit à un temps de passage dans les médias du service public pour s’adresser aux électeurs », rappelle-t-il.

Cela inclut des émissions spéciales où les candidats peuvent exposer leurs projets devant le public. L’un des exemples les plus significatifs est l’émission « Candidat à la Une », qui a permis à plusieurs candidats de faire connaître leurs programmes et leurs projets législatifs. Toutefois, la répartition des temps de parole reste un enjeu constant, et le Cnpa est vigilent pour éviter les dérapages.

Un défi majeur demeure cependant : la concentration des moyens médiatiques autour de certains candidats, qui bénéficient de soutiens financiers ou politiques importants. Les petites formations politiques et les candidats indépendants font souvent face à des difficultés pour accéder à des créneaux horaires de grande écoute. Dans cette optique, Boina plaide pour une régulation renforcée des médias privés, afin d’assurer une plus grande équité dans les espaces de discussion publique.

Une réglementation pour assurer l’équité 

Pour renforcer l’équité, le Cnpa a mis en place une série de mesures destinées à encadrer de manière stricte la couverture médiatique durant la période électorale. La plus importante d’entre elles est l’Article 11 de la délibération sur la couverture médiatique des élections. Il stipule que tous les candidats officiellement retenus doivent avoir un accès égal aux médias publics, notamment les chaînes de télévision et de radio nationales.

Les représentants du Cnpa rappellent que les temps de parole doivent être alloués en fonction de critères stricts, évitant ainsi toute forme de favoritisme. Chaque candidat peut bénéficier d’un temps défini dans chaque média public, quel que soit son statut ou sa popularité. L’objectif est de favoriser une meilleure prise de parole pour les candidats qui n’ont pas de grandes ressources financières ou médiatiques à leur disposition.

La transparence 

La question de la transparence est essentielle dans le processus électoral. En effet, selon les récentes statistiques de l’Institut National des Statistiques des Comores (INSC), plus de 75% des Comoriens s’informent via la télévision et la radio concernant les élections. Ce qui rend crucial l’équilibre dans la couverture de la campagne. Le Cnpa, par sa régulation, ambitionne de garantir que chaque électeur puisse faire un choix éclairé, sans que la puissance médiatique n’altère le processus démocratique. Aboubacar Boina conclut en insistant sur le fait que la mission du Cnpa ne se limite pas à une simple régulation : « Nous devons garantir que tous les candidats aient une chance égale devant le public. C’est une question de transparence, de démocratie et surtout de justice pour tous les citoyens comoriens. »

Fitiavana HARISOA


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