La décision d’augmenter progressivement le prix du pétrole lampant, annoncée lors du premier Conseil des ministres de l’année par le président Andry Rajoelina, marque un tournant dans la politique économique de Madagascar. Cette mesure, bien que jugée essentielle pour soulager les finances publiques, pourrait engendrer des tensions sociales dans un pays où le pouvoir d’achat est déjà très limité.

Un fardeau économique devenu insoutenable
Le président Rajoelina a mis en avant les chiffres pour justifier cette hausse. « L’année dernière, la contribution de l’État aux subventions pour le pétrole lampant a atteint 95 milliards d’ariary. Cette dépense est devenue intenable », a-t-il déclaré. Entre 2022 et 2024, le coût des subventions a presque doublé, passant de 44 milliards à 95 milliards d’ariary. Avec un prix fixe à 2 430 ariary le litre depuis juillet 2022, largement en deçà des coûts réels oscillant entre 3 600 et 3 800 ariary, l’État malgache finance un écart de 1 200 à 1 400 ariary par litre.
Le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Olivier Jean-Baptiste, a également évoqué les conséquences des subventions. Le prix artificiellement bas du pétrole lampant encourage des pratiques illégales de « frelatage », où des mélanges avec d’autres carburants sont effectués pour maximiser les marges. En 2024, quarante stations-service ont été prises en flagrant délit de telles manipulations, causant des dégâts mécaniques et augmentant les coûts pour les utilisateurs.
Une transition énergétique pour amortir le choc
Conscient des répercussions sociales de cette hausse, le gouvernement a lancé le programme « Hazavana ho anao » (« La lumière pour tous »). Ce projet vise à remplacer les lampes à pétrole par des solutions d’éclairage modernes et durables. « L’idée est de réduire la dépendance au pétrole lampant tout en amortissant l’impact de la hausse, qui sera appliquée de manière graduelle », a expliqué le président Rajoelina.
Ce programme repose sur l’utilisation des carnets fokontany digitalisés pour un suivi précis des bénéficiaires. L’objectif est d’atteindre les foyers les plus vulnérables et de leur offrir une alternative énergétique adaptée. Cependant, la réussite de ce plan dépendra de la rapidité et de l’efficacité de sa mise en œuvre, dans un contexte où les besoins sont immédiats et urgents.
Le Fonds monétaire international (FMI), acteur clé dans les réformes économiques malgaches, observe cette initiative avec attention. L’institution a répété son appel à la mise en place d’un mécanisme automatique de fixation des prix des carburants, estimant que le système actuel de subventions bénéficie davantage aux couches aisées de la population qu’aux plus démunis. Cette critique pourrait influencer les prochaines discussions entre Madagascar et le FMI sur les programmes d’aide.
Fitiavana HARISOA


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