
La Réunion se place comme le deuxième département français le plus touché par les violences intrafamiliales (VIF). Face à cette situation préoccupante, les mécanismes de défense des victimes ont été renforcés, cependant, la prise en charge des auteurs de violences reste un défi. C’est dans cette perspective qu’un nouvel hébergement dédié aux auteurs de violences conjugales a été ouvert ce mardi matin à Saint-Pierre, dans le quartier de la Ravine des Cabris. Ce centre, porté par l’association Réseau VIF, a pour but de les distancer de leur milieu familial tout en leur procurant un soutien afin de réduire le risque de rechute.
Une prise en charge inédite
Baptisé NHAVIR (Nouvel Hébergement des Auteurs de Violences Intrafamiliales de La Réunion), ce centre est une première sur l’île. Contrairement aux solutions habituelles qui se concentrent sur la protection des victimes, ce dispositif place l’auteur au centre du processus de changement, en le responsabilisant.
Le centre propose un suivi global et structuré. Un hébergement sécurisé, où ils seront accompagnés au quotidien par des éducateurs, psychologues et moniteurs. De plus, ils auront des ateliers de rééducation pour les aider à comprendre les mécanismes de leur violence et à changer de comportement.
Un dispositif prometteur mais encore limité
Toutefois, même si cette initiative est saluée par acteurs judiciaires et associatifs, il n’y a que huit places disponibles. Le NHAVIR ne pourra accueilli qu’un nombre restreint de personnes alors que nombreux foyers sont touchés par ce problème. Lors du comité de pilotage, un débat a émergé sur la nécessité d’un budget supplémentaire pour assurer une présence humaine continue sur le site en rapport avec la sécurité. L’un des enjeux majeurs sera de définir des horaires de sortie adaptés pour leur permettre de travailler, tout en respectant le cadre imposé par la justice.
Un pas vers la paix familiale
L’ouverture du NHAVIR marque une évolution dans la lutte contre les violences intrafamiliales à La Réunion. En intégrant une approche à la fois punitive et rééducative, ce centre explore une piste complémentaire aux sanctions classiques. Cependant, son impact réel sur la rechute ne pourra être mesuré que sur le long terme.
Le Réseau VIF espère aller plus loin en renforçant progressivement l’offre d’hébergement et en développant un suivi post-centre pour éviter que les auteurs retombent dans leurs anciens schémas. La présidente Carine Volvert insiste sur l’objectif final : « Recréer du lien familial avec de l’amour et éviter de reproduire les schémas de violence ».
Si cette expérimentation fonctionne, elle pourrait inspirer d’autres initiatives locales et nationales, et contribuer à une justice plus préventive, où réhabilitation et sanction vont de pair. Mais pour cela, encore faudra-t-il des moyens financiers et humains adaptés, afin que ce projet ne reste pas un simple symbole, mais une solution durable.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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