
Madagascar s’est présenté cette semaine devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies à Genève dans le cadre de l’Examen périodique universel (EPU). Cette rencontre tous les cinq ans vise à évaluer les progrès réalisés en matière de droits de l’homme selon les recommandations précédemment acceptées par l’Etat. Deux sujets ont particulièrement attiré l’attention : la castration chirurgicale des violeurs de mineurs, prévue par dle code pénal et l’initiative législative concernant l’interruption thérapeutique de grossesse (ITG), qui est en attente depuis plusieurs années. Entre débats internes et critiques internationales, Madagascar tente de concilier pressions extérieures et réalités nationales.
Une réponse jugée controversée
Le gouvernement malgache, représenté par le ministre de la Justice, Benjamin RAKOTOMADIMBY, a défendu la législation prévoyant la castration chirurgicale pour les violeurs de mineurs. Selon Gabrielle Raby Savatsarah, députée et présidente de la Commission juridique à l’Assemblée nationale, cette mesure vise à réprimer plus sévèrement les crimes sexuels et à dissuader les prédateurs.
Toutefois, cette disposition a suscité de vives critiques. Certains pays, surtout la France, ont appelé Madagascar à revoir son Code pénal pour le mettre en conformité avec la Convention contre la torture. Une source défendant les droits humains a rappelé que toute intervention chirurgicale devrait être volontaire et non imposée par une décision judiciaire. D’où un débat posé sur le sujet du déroulement d’une sanction par l’Etat sans enfreindre les normes internationales en matière de droits humains.
Un sujet toujours en suspens
Autre point soulevé lors de l’EPU, la proposition de loi sur l’interruption thérapeutique de grossesse (ITG). Portée au Parlement en 2017 et 2021, cette mesure a été abandonnée face à l’opposition d’une partie de la société civile et du monde politique. La France et la Colombie ont recommandé son adoption, mais la délégation malgache n’a pas réagi sur ce point. Le blocage de cette proposition s’explique par l’influence de l’Église, dont le poids social et politique reste considérable. Cette opposition a conduit à une division non seulement au sein de l’opinion publique, mais aussi parmi les parlementaires, freinant toute avancée en la matière.
Un équilibre fragile entre respect des droits et souveraineté nationale
Si l’EPU permet aux États d’évaluer leurs propres progrès en matière de droits humains, il n’impose aucune obligation contraignante. Chaque pays est libre d’accepter ou de rejeter les recommandations qui lui sont faites. Madagascar, en défendant sa position sur la castration chirurgicale et en évitant le débat sur l’ITG, montre sa volonté de préserver une certaine souveraineté dans ses choix législatifs.
Cependant, cette posture peut avoir des conséquences. Être perçu comme un État respectueux des droits humains constitue un atout dans les relations internationales, surtout en matière de coopération et d’investissements. Il s’agit donc de déterminer si Madagascar pourra maintenir ses réalités internes sans nuire à ses relations avec ses partenaires internationaux. Le procahin EPU, dans cinq ans permettra de mesurer si le pays a maintenu ses positions ou choisi d’adapter sa législation en fonction des recommandations internationales.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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