Le passage du cyclone Chido a laissé Mayotte dans une situation critique, endommageant gravement ses infrastructures scolaires et sanitaires. Face à l’urgence, l’éventualité d’un accueil temporaire d’élèves mahorais à La Réunion a suscité un vif débat. Certains élus réunionnais, surtout de gauche et d’extrême gauche ont exprimé leur opposition à cette initiative, entraînant une réaction immédiate de Madi Madi Souf, président de l’Association des Maires de Mayotte. Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre et au ministre des Outre-mer, il accuse ces élus de discrimination et stigmatisation envers la communauté mahoraise
Une fracture politique et identitaire
La discussion repose sur plusieurs arguments soulevés par les élus réunionnais qui s’opposent à l’accueil des élèves mahorais. Pour eux, La Réunion ne peut pas être la solution à toutes les difficultés de Mayotte, soulignant le manque de places dans les établissements scolaires et la pression exercée sur les infrastructures locales. Les autorités mahoraises ont interprété ce refus comme une forme de discrimination.
La dépendance de Mayotte sur les services et infrastructures réunionnais, surtout dans le domaine de la santé et de la justice a souvent été source de tensions. Certains élus réunionnais considèrent que Mayotte doit pouvoir gérer ses propres crises sans solliciter en permanence La Réunion, tandis que les responsables mahorais demandent une solidarité renforcée au nom de l’appartenance commune à la République française.
Entre attentes et désillusions
Madi Madi SOuf interpelle directement les autorités nationales en rappelant que les gouvernements successifs n’ont pas suffisamment investi pour faire de Mayotte un territoire autonome sur les plans éducatifs et sanitaires. Il critique l’absence de mesures pour aligner les prestations sociales mahoraises sur celles des autres territoires ultramarins et l’inaction face aux besoins urgents, surtout en matière de justice et de sécurité.
Cette querelle illustre les difficultés persistantes à instaurer une coopération équilibrée entre Mayotte et La Réunion. L’absence d’un véritable dialogue politique et la montée des tensions identitaires risquent d’affaiblir davantage les liens entre ces deux départements. Pourtant, une approche concertée permettrait d’éviter que des crises comme celle du cyclone hido ne ravivent pas les fractures existantes.
Hadjani ANDRIANARINIVO