Maurice : Assaut dans le carbone naturel – entre ambition économique et défis environnementaux

Face aux défis liés aux changements climatiques, Maurice envisage une nouvelle stratégie pour financer sa transition écologique : les crédits carbones naturels. En valorisant la préservation de ses forêts natives et de ses écosystèmes marins, l’île espère attirer des investissements tout en renforçant la résilience de ses côtes. Dans le cadre du « Climate Solutions Partnership », HSBC a organisé une table ronde où les intervenants du secteur public et privé ont discuté des opportunités offertes par ce marché en pleine expansion.
L’ambition de Maurice – valoriser ses écosystèmes
L’initiative, soutenue par l’African Leadership University (ALU), le Lions Club de Quatre Bornes et le National Parks and Conservation Service (NPCS), fait partie d’une dynamique plus large visant à promouvoir des solutions basées sur la nature. En mettant en avant le potentiel des mangroves, des herbiers marins et des forêts indigènes pour absorber le carbone.
Le ministre de l’Agro-industrie, de la Sécurité alimentaire et de l’Économie bleue, Arvin BOOLEL, a rappelé l’urgence de protéger les écosystèmes mauriciens face à l’érosion côtière et aux inondations, soulignant que la préservation des plages et des lagons est une priorité nationale. Son collègue Fabrice David a mis en avant la nécessité d’une approche inclusive pour structurer une économie océanique durable, en s’appuyant sur l’expertise nationale.
Un marché prometteur mais encore flou
Les discussions de la table ronde ont montré plusieurs mécanismes susceptibles de soutenir le développement d’un marché du carbone naturel à Maurice. Le NPCS a présenté des initiatives visant à établir des mécanismes de tarification carbone pour la restauration des forêts indigènes. De son côté, la Division Économie bleue a souligné le potentiel des herbiers marins pour la séquestration du carbone, annonçant la mise en place d’un groupe de travail national sur le carbone bleu.
Un pari sous condition
Si le développement des crédits carbone naturels offre des perspectives intéressantes, plusieurs défis demeurent. La tarification et la certification des crédits carbone exigent des cadres de gouvernance clairs pour garantir leur crédibilité sur le marché international. De plus, l’exploitation du carbone bleu et forestier doit s’accompagner des mesures rigoureuses pour éviter les dérives.
Une stratégie mise en avant
Lors de la table ronde, ils ont montré la nécessité de créer une entité dédiée, la Mauritius Native Forest Alliance (MNFA). Son objectif serait de rassembler entreprises, établissements d’enseignements supérieurs, ONG et autorités gouvernementales pour coordonner les efforts et favoriser une approche transparente et scientifique de la valorisation des crédits carbone. De plus que l’HSBC soutient depuis longtemps la restauration des espèces indigènes ce qui pourrait accélérer le processus. La formation de talents locaux en finance climatique et en restauration des écosystèmes, portée par l’ALU, représente également un levier stratégique pour ancrer ces initiatives dans une vision à long terme.
Avec la COP30 prévue au Brésil, Maurice a une occasion unique de positionner son modèle de crédits carbone naturels sur la scène internationale. Mais pour transformer cette ambition en succès économique, il lui faudra relever plusieurs défis réglementaires, financiers et environnementaux. Or, cela va permettre à l’île d’attirer des financements et jouer un rôle essentiel dans la transition climatique mondiale.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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