Mayotte : Face au défi du handicap – des réponses à une urgence criante

Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées, a effectué une visite à Mayotte du 17 au 19 février 2025. Une situation qui est particulièrement tendu puisque le territoire fait face à un grand déficit en matière de prise en charge des personnes en situation de handicap et en perte d’autonomie. Avec dix fois moins de solutions médico-sociales qu’en métropole, Mayotte se retrouve dans une situation de précarité alarmante pour ses populations les plus vulnérables.
L’urgence est d’autant plus pressante que l’île subit encore les conséquences du cyclone Chido, qui a aggravée les difficultés structurelles du département. Lors de son déplacement, la ministre a annoncé une enveloppe de 39 millions d’euros destinée à renforcer les dispositifs d’accompagnement et de prise en charge.
Un manque de structure
Mayotte manque d’établissements et de services adaptés aux personnes handicapées. Les familles doivent souvent attendre des mois, voire des années, avant d’obtenir une place pour leurs proches dans un établissement spécialisé. La Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), censée être le point central pour les demandes d’aides et d’allocations, souffre d’un retard considérable dans le traitement des dossiers, aggravé par un manque de personnel qualifié.
Les professionnels du médico-social, eux aussi, se font rares. Les postes vacants dans les structures existantes ne sont pas toujours pourvus, faute d’attractivité du territoire. Les salaires peu compétitifs et les conditions de travail difficiles freinent le recrutement, laissant les structures fonctionner en sous-effectif.
Les annonces ministérielles
Face à cette situation, la ministre a détaillé le plan de financement de 39 millions d’euros réparti comme suit : 22 millions d’euros seront destinés à l’accompagnement des handicaps lourds. 7 millions d’euros seront consacrés aux structures d’hébergement pour les personnes polyhandicapées et au soutien des aidants. 10 millions d’euros permettront la création d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et d’autres infrastructures pour les personnes âgées.
En parallèle, la modernisation de la MDPH est prévue afin d’accélérer le traitement des dossiers et d’améliorer la prise en charge administrative des demandes. L’objectif affiché est de rendre l’accès aux services plus fluide et efficace pour les usagers.
Des défis structurels persistants
Malgré ces annonces, des défis de taille restent à relever. Le manque d’attractivité du secteur médico-social à Mayotte demeure un obstacle. Les financements ne suffisent pas si les professionnels ne sont pas présents sur le terrain. De plus, la question de l’accessibilité des infrastructures reste un problème non abordé dans les mesures annoncées.
La scolarisation des enfants handicapés, souvent entravée par le manque d’accompagnants spécialisés et de structures adaptées reste une priorité encore non résolue. Par ailleurs, l’intégration des personnes handicapées dans le monde du travail reste un chantier ouvert, nécessitant des politiques d’insertion plus ambitieuses.
Entre un espoir et scepticisme
Bien que ces annonces représentent un progrès, elles n’assurent pas une transformation en profondeur du système de prise en charge du handicap et de la dépendance à Mayotte. Les associations locales et les familles expriment un mélange d’espoir et de scepticisme face à ces engagements. Leur principale préoccupation reste le suivi effectif de ces financements et la mise en place rapide des structures promises. Toutefois, le véritable test sera la mise en œuvre concrète de ces mesures et leur impact réel sur le quotidien des Mahorais concernés.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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