La Réunion : agriculture et souveraineté alimentaire – la nouvelle loi sur les territoires ultramarins

Salon de l’agriculture, ses conséquences pour les régions ultramarines soulèvent des doutes. Même si cette réforme a été élaborée pour répondre aux demandes des agriculteurs métropolitains, ils se demandent si elle compte des particularités des exploitations agricoles dans les départements et régions d’outre-mer, surtout à La Réunion et à Mayotte.
Une loi aux ambitions nationales
Le projet de loi, approuvé par le Sénat et appuyé par une majorité parlementaire se concentre sur la souveraineté alimentaire, la transmission des exploitations et l’allègement des normes environnementales. Son adoption vise à définir l’agriculture come un intérêt public majeur et à accorder une priorité à la production locale. Toutefois, bien que ces mesures soient en adéquation avec certains défis nationaux, leur mise en œuvre dans les territoires d’outre-mer demeure un sujet non résolu.
Une souveraineté alimentaire difficile à atteindre
Dans les îles de l’océan Indien, la production agricole doit composer avec des réalités bien différentes de celles de la métropole : une forte dépendance aux importations, des coûts de production élevés et des infrastructures souvent insuffisantes pour assurer une autonomie alimentaire. Si la loi promeut un principe de « non-régression de la souveraineté alimentaire », elle ne prévoit pas de mesures adaptées aux contraintes logistiques et économiques ultramarines.
Transmission des exploitations et accès au foncier
Avec le vieillissement des agriculteurs, la transmission des exploitations est un enjeu fondamental. La création d’un guichet unique, « France Services Agriculture », vise à faciliter ces transitions, mais l’accès au foncier reste un grand obstacle dans les territoires insulaires où la pression immobilière est forte. Le nouveau « Bachelor agro » prévu par la loi pourrait encourager la jeunesse à s’investir dans le secteur, à condition que les formations soient accessibles dans les DOM et répondent aux besoins locaux.
Un allègement des normes environnementales contesté
La loi envisage un allègement des exigences environnementales, comprenant la dépénalisation de certaines infractions et l’instauration d’amendes fixes. Bien que cela diminue la pression réglementaire aux agriculteurs, des associations environnementales alertent sur les risques pour les écosystèmes ultramarins, particulièrement vulnérables à la déforestation et aux atteintes de la biodiversité. L’absence de référence à l’agroécologie dans le texte final suscite aussi des préoccupations concernant la considération du changement climatique dans ces zones vulnérables
Des perspectives incertaines
Malgré les avancées annoncées, la rapidité de l’adoption du texte et le manque de concertation avec les acteurs ultramarins nourrissent des doutes sur son efficacité. Si la loi affirme une ambition de souveraineté alimentaire, son application concrète dans l’océan Indien pose question. L’avenir de l’agriculture ultramarine dépendra sans doute d’adaptations locales et d’un soutien renforcé, au-delà des mesures générales prévues par la réforme.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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