Face à une hausse alarmante du surendettement en Outre-mer, qui a bondi de 24 % en 2024 selon l’IEDOM, les collectivités locales et les acteurs associatifs tentent de freiner cette dynamique. Si les difficultés économiques pèsent lourdement sur les ménages, des initiatives locales se déploient pour offrir un accompagnement adapté.

Les racines du surendettement – une précarité structurelle

En 2024, 3 249 dossiers de surendettement ont été déposés dans les départements et collectivités ultramarins de la zone euro, un record en dix ans. Les ménages surendettés sont souvent marqués par des situations de vulnérabilité : 51 % n’ont aucune capacité de remboursement, et 36 % sont au chômage. Les femmes (63 %) et les familles monoparentales (35 %) sont particulièrement touchées. Le poids croissant des crédits à la consommation (45 % des dettes) et des charges courantes (+23 % sur un an) aggrave la situation.

Des initiatives locales pour accompagner les ménages

Pour répondre à cette crise, plusieurs acteurs se mobilisent. L’Institut d’Emission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM) a formé 560 intervenants sociaux en 2024 pour sensibiliser les ménages aux risques de surendettement. Ces professionnels jouent un rôle clé en orientant les débiteurs vers les commissions de surendettement qui, selon les cas, imposent des mesures d’aménagement ou procèdent à un effacement partiel ou total des dettes. En 2024, 33 % des dossiers ont ainsi conduit à un rétablissement personnel.

Renforcer la prévention et l’accompagnement

Malgré ces efforts, des leviers restent à activer. La méconnaissance des dispositifs existants freine encore de nombreux ménages. Un renforcement des campagnes de sensibilisation et une meilleure accessibilité des dispositifs d’aide apparaissent essentiels. Les collectivités pourraient aussi encourager des solutions alternatives, comme les microcrédits solidaires ou des moratoires sur certaines dettes.

Un défi collectif pour préserver la cohésion sociale

L’explosion du surendettement reflète les fragilités économiques des Outre-mer, mais elle met aussi en lumière la capacité des territoires à réagir collectivement. En s’appuyant sur la solidarité locale et en renforçant l’accompagnement des ménages, il est possible d’enrayer cette spirale. Pour les familles concernées, retrouver un équilibre financier, c’est aussi récupérer une part de dignité et d’espoir pour l’avenir.

Hadjani ANDRIANARINIVO