
Aux Comores, les femmes continuent de lutter pour leur place dans les sphères de décision. Bien que la loi Hadjira, prévoyant 30 % de représentation féminine, ait été adoptée par l’Assemblée, elle n’a jamais été promulguée. Lors d’une table ronde organisée par l’Alliance française de Moroni, militantes et acteurs sociaux ont rappelé l’urgence d’agir pour que l’égalité devienne une réalité.
Un cadre légal inabouti face à la réalité sociale
Lors de la table ronde du 8 mars, Toufaha Abdoulmadjid, candidate aux élections municipales, a souligné les efforts faits pour intégrer les femmes dans la vie politique, tout en rappelant les nombreux obstacles persistants. « Le poids des traditions surpasse la religion. Il n’est écrit nulle part dans le Coran que la femme ne doit pas faire des études ou s’impliquer », a-t-elle affirmé.
De son côté, Hissani Msahazi, présidente de l’Ong Petit Z’anges, a mis en avant le blocage de la loi Hadjira, qui garantirait 30 % de femmes dans les instances décisionnaires. « Cette loi, adoptée par l’Assemblée, n’a jamais été respectée. Sur un gouvernement de 15 ministres, il devrait y avoir 5 femmes, mais ce n’est jamais le cas », a-t-elle dénoncé.
Briser l’autocensure et sensibiliser à l’égalité
Pour les intervenantes, l’égalité ne se limite pas à un cadre légal : c’est aussi une question d’éducation et de mentalités. Elles ont souligné que cela commence au foyer, que les femmes doivent cesser de s’autocensurer et oser se lancer. Anturia Mihidjai, entrepreneure, a ajouté que même avec des droits, il existe des résistances. D’où l’importance de la mobilisation citoyenne pour accompagner le changement.
L’implication des hommes – une nécessité pour avancer
La présidente de l’Ong Hifadhwi, Rahamatou Goulam, a rappelé que l’implication des hommes est essentielle. Son organisation a déjà inclus des hommes pour porter ensemble le combat pour l’égalité. Natuk Mouzaoir, candidat aux municipales, a partagé cette vision : « Je suis contre l’idée que derrière un grand homme, il y a une grande femme. Il faut dire qu’à côté d’un grand homme, il y a une grande femme. Sans l’engagement des femmes de ma liste, je n’aurais jamais remporté les élections ».
Vers une égalité effective
Le débat illustre l’énergie des femmes comoriennes et la volonté de changer les choses. Mais sans la promulgation de la loi Hadjira et une évolution des mentalités, l’égalité restera un vœu pieux. L’avenir de la politique comorienne pourrait pourtant s’écrire avec plus de femmes aux commandes, si la mobilisation citoyenne continue d’amplifier cette voix en quête de justice.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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