Un vieux serpent de mer qui refait surface

Le projet de piste longue à Mayotte refait parler de lui avec l’intervention du sénateur Saïd Omar Oili, qui a sollicité un entretien en urgence avec le ministre des Transports, Philippe Tabarot. L’élu dénonce le blocage d’un dossier en suspens depuis près de 40 ans, rappelant que cette infrastructure est essentielle pour assurer la continuité territoriale avec la métropole et répondre aux besoins croissants des habitants.

Entre avancées et reculs – une chronologie mouvementée

Depuis la fin des années 1980, la piste longue fait l’objet d’études et de concertations successives. Un premier débat public en 2011 a abouti à des recommandations de la CNDP, suivies d’une validation gouvernementale en 2012. Mais en 2013, le rapport « Mobilité 21 » reléguait le projet au second plan, le repoussant après 2050. Le projet renaît en 2019 sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, avec des rapports publiés en 2022 et 2024, comparant les sites de Petite-Terre et Grande-Terre. Pourtant, depuis janvier 2023, aucune réunion de pilotage n’a eu lieu.

Des décisions sans concertation locale

Le sénateur Oili pointe un manque de transparence : le choix d’écarter Petite-Terre au profit de Grande-Terre, en raison des risques liés au volcan sous-marin Fani Maoré, aurait été pris sans consultation des experts locaux ni des parties prenantes. Or, les scientifiques du REVOSIMA et de l’IPGP estiment que la probabilité d’une éruption de même ampleur est inférieure à 0,008 % sur 100 ans.

Vers une relance du dialogue

Pour Saïd Omar Oili, la priorité est de relancer une concertation inclusive avec les acteurs locaux et les experts en risques naturels. La piste longue est plus qu’un projet d’infrastructure : c’est un levier de développement et un symbole de justice territoriale pour Mayotte, qui ne peut se permettre d’attendre encore des décennies. Le territoire réclame une décision éclairée et partagée pour enfin décoller vers un avenir à la hauteur de ses aspirations.

Hadjani ANDRIANARINIVO